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Parution. L'Aube le soir ou la nuit
Quand le personnage dévore la romancière
Publié dans El Watan le 13 - 09 - 2007

Elle aurait pu le faire avec Ségolène Royal, la dame de gauche. Mais l'ex-ministre de l'Intérieur a plus d« amis » , plus de “« chances ».« Les écrivains ont en commun avec les tyrans, de plier le monde à leur désir » écrit, à juste titre, Yasmina Reza au début d'un texte de 190 pages, publié en août 2007, chez Flammarion.
Eric Neuhoff, écrivain et journaliste à Madame Figaro, un ami, a conseillé la romancière : « ne faites pas ça Yasmina, ils sont plus forts que nous ». « Pour être menacé par la force de quelqu'un, il faut se trouver en compétition avec lui (...)Je ne crois pas que le ministre de l'Intérieur soit plus fort que moi », a-t-elle répondu à l'auteur « D'un bien fou ». Sûre d'elle donc, elle part à « la découverte » de l'ex-maire de Neuilly, devenu chef d'Etat. Et, elle n'hésite pas à se comparer à lui. Sarkozy lui dit : « quand j'étais jeune, je pensais tout est possible. Tout m'était contraire mais je pensais tout est possible ». Elle ajoute : « Au mot près, c'est ce que je pourrais dire ». On est averti donc : deux grands esprits se sont rencontrés dans les hauteurs enivrants de l'ambition. L'ambition ? « Je suis numéro un des sondages, bien que je sois ami de l'Amérique et d'Israël. Je ne dis pas ça par prétention. J'ai 51 ans, je suis calme(...)Une partie des élites françaises me détestent beaucoup plus qu'Israël et les Américains », lâche Sarkozy. Yasmina Reza ose une critique : « vantard ». Visite en Algérie. « L'idée que j'ai d'ici, elle me vient des livres. Ce sont les bus bondés, l'arrivée à la mer où le soleil est plus jaune, l'eau plus bleue, les filles plus belles », concède Sarkozy. En somme, une Algérie carte postale ! A Enrico Macias, né de parents juifs à Constantine, l'homme de droite d'origine hongroise dit : « tu vas voir ce que je vais dire sur l'Algérie ! Moi j'aurais aimé naître en Algérie. Quand tu naissais en Afrique du nord, tu rêvais de la France, quand tu naissais à Paris, tu rêvais de rien du tout ». Rencontre avec Abdelaziz Bouteflika au siège de la présidence de la République. « Vous avez un atout de taille, l'âge », lance le locataire d'El Mouradia, 70 ans. « Nicolas se tait. Il baisse la tête, fixe le sol, ses pieds », observe l'écrivaine. Et puis cette déclaration de Bouteflika : « j'appartiens à une génération qui voulait la destruction d'Israël. Nous avons échoué. Echoué. C'est fini. J'apprécie cher ami, votre position sur Israël. Mais n'oubliez pas qu'il y a un peuple palestinien qui a droit à un Etat. Et ça manque un peu dans vos intonations ». Réponse de Sarkozy : « j'entends, monsieur le Président ». Sarkozy a visité l'Algérie quatre fois en deux ans. Un record. La romancière raconte « une obsession » de l'homme qu'elle suit. Il lui parle de son livre Témoignage dans lequel il explique pourquoi il fait de la politique. « Oui, c'est maladif. Je regarde les ventes, les retours, j'aime les chiffres nets, l'imprécision m'inquiète (...) C'est peut être ça la définition de la maniaquerie », dit-il. A des journalistes du Monde à qui il remet un autre livre Ensemble, il tranche : « ...C'est un beau livre.Vous aller le lire cette nuit...Vous allez passer une bonne nuit ». Nicolas Sarkozy, surmédiatisé avant sa candidature à la présidentielle, n'aime pas les hommes de la presse lorsqu'ils ne sont pas dans son jardin. « Ne vous laissez pas enfermer par les articles de journalistes stupides qui n'y comprennent rien », lâche-t-il. Yasmina Reza, elle aussi, déteste les journalistes qualifiées de « meute sauvage » ou de « troupeau ». Elle rapporte le passage à France 2. Rencontre dans la loge. Le candidat invite la présentatrice à s'approcher. « Pendant un court instant, je crois qu'il invite Arlette Chabot à venir s'asseoir sur ses genoux (...) Elle parvient miraculeusement à s'immiscer entre lui et Jeanne-Marie, la plus jeune fille de Cécilia (...) Dis-donc toi, lui dit-il, si tu ne souris pas après une émission pareille, quand est-ce que tu souris ? », écrit Reza. Elle souligne, parfois, le double-langage de Sarkozy. Après un débat public, il dit en privé : « quelle connerie ! » Face aux caméras, il proclame : « un débat d'une très grande qualité ». Et la politique étrangère ? « Je veux bien que l'orgueil russe soit blessé, mais est-ce une raison pour se taire devant les exactions de Poutine ? La relation franco-russe est creuse. Comme la relation franco-allemande. Comme le traité d'amitié avec l'Algérie. Ce sont des noms », dit-il à des experts. Dès son arrivée au pouvoir, en mai 2007, le président français a enterré le projet de traité d'amitié, lancé par Jacques Chirac. Dans la même lancée, Sarkozy propose, selon Reza, de se débarrasser du Quai d'Orsay (ministère des Affaires Etrangères) et attaque, avec vulgarité, les diplomates de son pays. « ...Et l'ambassadeur au Liban, un fameux crétin lui aussi. J'ai honte : appelez-le pour lui dire à celui-là ! J'ai un mépris pour tous ces types, ce sont des lâches (...) Le type du Hezbollah assimile Israël aux nazis, il le revendique, et lui n'entend rien ? ». Plus loin. Sarkozy rencontre Shimon Pères, ancien premier ministre israélien qui lui dit : « Je vous exprime mon estime et les remerciements de mon peuple pour vos déclarations sur l'Iran ». Et le français de répondre : « Ahmadinejad ne devrait pas nier la Shoah-puisqu'il veut en faire une ». Après son élection il s'est attaqué à l'Iran en suggérant « son bombardement ». Yazmina Reza rapporte un fait curieux : « Il m'a raconté qu'on avait pour lui, en Afrique, sacrifié un taureau gris.Tu crois à ça, toi ? ai-je demandé. Dans ma situation, je suis prêt à croire à tout ». L'auteure n'a pas pris de distance par rapport à l'homme politique qu'elle décrit. Parfois, on a comme l' impression de lire une brochure publicitaire pour « Nicolas ». « Embrassades. Nous nous quittons. Dans la voiture qui me ramène, je suis étonnée de le voir encore dans l'embrasure, seul, tourné vers la nuit.. », écrit comme une amoureuse qui se sépare de son amant.Yasmina Reza aime un homme politique qui s'appelle G à qui le livre est dédié. Qui est G ? Le microcosme médiatique parisien ne le sait pas. Yasmina Reza serait-elle le Mauriac du général De Gaulle ? C'est pour elle « une ambition littéraire ». Parfois poétique, L'aube le soir ou la nuit n'est ni un roman ni une pièce de théâtre, quoique ! Une partie de la presse française l'a accusée d'avoir été « la courtisane » de Sarkozy. « La fascination de la comtesse pour le marlou », écrit Marianne. Elle s'est défendue dans Le Nouvel Observateur (qui a consacré la Une au livre) : « J'ai décidé, moi seule, d'aller vers Nicolas Sarkozy, et lui-même ne m'a rien commandé. Il ignorait ce que j'allais écrire... ». Elle ajoute : « J'assume d'avoir fait le portrait de cet homme-là, et même d'avoir de l'affection pour lui ». Tout compte fait, Yasmina Reza aurait du écouter son ami Eric Neuhoff...Cela aurait pu lui éviter de s'approcher trop de la lumière, comme un papillon de nuit, qui se brûle les ailes.

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