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« La politique d'expulsion systématique nous mène à une impasse »
Pierre Henry (DG de l'Association France terre d'asile)
Publié dans El Watan le 17 - 09 - 2007

Pierre Henry , directeur général de France terre d'asile, vient de signer avec Pascale Egré, reporter au Parisien, un livre Cachan, la vérité. Le défi migratoire, aux éditions de l'Aube (sortie le 13 septembre).
Cachan est le symbole de la complexité du phénomène migratoire, écrivez-vous dans votre livre. Vous dites aussi que « l'immigration est un mot-valise, il permet tous les masques ». Voulez-vous être plus explicite ?
L'immigration est un terme générique employé le plus souvent à des fins de confusion et de politique intérieure parce qu'il n'y a pas une migration, mais des migrations qui répondent à des problématiques différentes. Il y a des migrations de droit qui sont codifiées par des conventions internationales. C'est particulièrement vrai, par exemple, pour les migrations familiales, au titre du regroupement familial. Il y a des migrations familiales qui au titre de la vie normale, de mariages, il y en a eu 48 000 l'année dernière. Ou l'asile.
Que représente l'immigration en France ?
De par son histoire, la France est un creuset. Grosso modo, il rentre en France aux alentours de 140 000 personnes, chaque année, depuis 10 ans. C'est une immigration qui est à majorité de langue française, et, tout le démontre, elle a été une chance pour la France, car elle a participé à sa reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, c'est une chance pour la France aujourd'hui, parce que cela lui permet aussi de tenir sa place dans le monde et de faire l'éloge de sa diversité.
Pourquoi ces dernières années, l'immigration fait-elle l'objet de tant de lois et d'amendements ?
Depuis l'apparition du chômage de masse, il y a trente ans, l'immigration est apparue comme un bouc émissaire. Avec l'émergence du Front national dans la vie politique française, l'immigration a été utilisée comme levier et les partis politiques qui sont situés sur l'arc démocratique n'ont peut-être pas toujours eu le courage de combattre comme il le fallait ce populisme et cette démagogie.
L'instrumentalisation politique de la question de l'immigration semble payante …
En empruntant un certain nombre de thématiques ou en tout cas, en flirtant avec les thématiques chères au Front national, notamment sur l'immigration , Nicolas Sarkozy a réduit le Front national à 10% à la présidentielle et à 5% aux législatives. « Les étrangers sont des fraudeurs, il faut diminuer l'immigration familiale, il faut choisir les immigrés » est une thématique de communication et à des fins de politique intérieure.
Le regroupement familial est dans le collimateur. Pourquoi tant de mesures pour le restreindre, à défaut de le réduire à néant ?
Le regroupement familial stricto-census, c'est-à-dire la possibilité pour un étranger en situation régulière demeurant sur le sol français depuis au moins 18 mois, ayant plus que le smig de ressources mensuelles et disposant d'un logement, a concerné l'an dernier 17 300 personnes. C'est dérisoire pour un pays de 63 millions d'individus et qui a une communauté étrangère de plus de trois millions de personnes. En réalité, nous assistons à une offensive comme on n'en a pas connu depuis 1975 contre l'immigration de droit. Du test linguistique au test génétique il y a une même logique d'attaque contre la migration de droit. Il y avait, si j'ose dire, une espèce de génie français du droit de vivre en famille. C'est la France qui a développé une jurisprudence autour du droit de vivre en famille, notamment dans les années 1975, ce qui l'a porté au niveau européen, et petit à petit nous sommes en train de nous faire grignoter cela. Cela ne peut pas se faire sans réaction, mais il faut que cette réaction aille au-delà des simples cercles habituels de défense des immigrés et des réfugiés, il faut que ce soit la société entière qui réagisse.
L'expulsion des sans-papiers, est-ce la solution à la régulation des flux migratoires ?
Je n'ai pas de position, ni de pétition de principe contre le fait que des gens, dans certains cas, puissent être reconduits hors des frontières. Mais une politique d'expulsion ne peut pas constituer l'alfa et l'oméga d'une politique migratoire. Aujourd'hui, on est totalement dans le déséquilibre. Nous devons avoir le courage de proposer, comme la plupart des pays européens l'ont fait, une politique de régularisation au cas par cas, parce que c'est la loi, parce que c'est la jurisprudence, mais sur la base d'un critère que je juge prioritaire, celui du travail, parce qu'un certain nombre d'emplois sont disponibles, parce qu'un certain nombre d'immigrés occupent ces emplois dans des secteurs sous-tension. Permettons-leur de vivre dignement, de payer des cotisations et de s'intégrer parmi nous.
C'est pour cela que dans votre livre, vous dites que la France n'échappera pas à une nouvelle régularisation ?
La politique d'expulsion systématique, ou en tout cas telle qu'elle est claironnée, nous mène à une impasse. Tout le monde le sait. D'un autre côté, il est fait appel à une immigration choisie. Une immigration choisie suppose qu'il y a une immigration subie. Ce n'est pas correct pour les millions de personnes qui sont venues nous rejoindre et qui participent à la communauté nationale. Qu'on ouvre le débat sur l'offre et la demande économique en matière de travail, qu'on cherche à nouer des partenariats d'intérêt partagés avec les pays d'origines et dans l'intérêt des migrants. Quand on nous explique qu'il faut changer la nature de l'immigration en France et la rendre à 60% économique, où a-t-on vu cela dans le monde ? On oublie de dire que dans l'immigration familiale, les 70% des primo-arrivants en France, au titre de l'immigration familiale, vont s'inscrire sur le marché du travail dès la première année.
Les immigrés « choisis » peuvent aussi avoir une famille, donc avoir à recourir au regroupement familial…
Nous sommes en train de reproduire exactement les mêmes erreurs que dans les années 1960, où nous avons pensé qu'un certain nombre de travailleurs maghrébins qui venaient en France n'étaient pas destinés à rester et, d'un seul coup, on s'est aperçu qu'ils avaient pris souche. On est aussi dans une hypocrisie assez grande, quand on nous explique qu'il ne faut pas procéder au pillage des cerveaux, mais la carte compétences et talents, qu'est-ce que c'est d'autre, si ce n'est une captation des cerveaux, y compris les étudiants qui arrivent au niveau du master et qui ont six mois pour trouver un emploi en France et s'ils le trouvent, ils peuvent rester. Les orientations, qui sont prises en matière de choix, posent des problèmes éthiques très difficiles. La politique d'immigration demande de l'humilité et de l'intérêt partagé. Ce qu'il faut imaginer c'est une immigration pendulaire qui permette les allers-retours, qui n'enferme pas les gens dans des stratégies d'appartenance à un territoire, ce qui suppose qu'il faut revoir la politique des visas pour permettre des entrées multiples.
Qu'en est-il du droit d'asile ? Que pensez-vous du passage de l'OFPRA sous la tutelle du ministère de l'Intérieur ?
L'évolution des textes, depuis plus de 15 ans en Europe, conduit à une extrême confusion entre asile et immigration. Le ministre de l'Immigration veut être aussi le ministre de l'asile, cela veut dire qu'il veut respecter le traité international qu'est la convention de Genève. Pour commencer il faudrait sans doute, que chaque demandeur d'asile puisse bénéficier sur le territoire français d'un traitement juste et équilibré, que les procédures de recours existent là où elles sont nécessaires et que les moyens suffisants soient mis en faveur des réfugiés statutaires. De la coupe aux lèvres il y a encore loin.


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