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Portrait d'un businessman fermier, Laïd Ibrahim, fondateur de la marque Ifri
« Le travail et le sérieux, voilà ce qui compte »
Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2007

Derrière cette promesse de renaissance de l'oléiculture dans la haute vallée de la Soummam se cache un homme d'une stature et d'une discrétion exceptionnelles.
Agé de 72 ans, bon pied bon œil, cet homme que tout le monde, grands et petits, appelle respectueusement Da L'hadj, possède une carte de visite qui force l'admiration. C'est un « self-made man », comme disent les Américains de ceux qui bâtissent des empires industriels à partir de quelques clopinettes. « J'ai quitté l'école à l'âge de 8 ans. J'aidais mon père au champ et il me montrait le travail de la terre. C'est lui qui m'a tout appris », dit-il avec respect pour ce père qui lui a inculqué comme première valeur le travail bien fait. Fils de paysans kabyles qui ont passé toute leur vie à trimer sur leur petit lopin de terre, il aura bâti l'une des plus grandes réussites industrielles de l'Algérie. Son entreprise, spécialisée dans l'eau minérale et les boissons gazeuses, est un fleuron de l'industrie nationale. Ni plus ni moins. Elle compte un peu plus d'un millier d'employés directs et aligne dans la discrétion la plus absolue des chiffres d'affaires qui rendraient vert de jalousie un DG de multinationale. Mais ne nous trompons pas, il ne s'agit pas seulement de gros sous. Da L'hadj voue un véritable culte au travail correctement fait. Tout jeune et déjà entreprenant, Laïd Ibrahim ne s'est pas contenté de s'occuper des terres héritées de son père et de ses aïeux. Il se lance dans le petit commerce avec une modeste boutique d'alimentation générale. L'aisance financière lui permet bientôt de lancer une petite fabrique de limonade dont les produits connaissent tout de suite un franc succès. « Je ne suis pas du tout du métier. On m'a conseillé, c'est tout », dit-il pour expliquer cette intrusion dans un monde dont il était assez éloigné. Cependant, le coup de pouce du destin viendra du puits qu'il fore pour alimenter sa petite fabrique. Un jour, les services d'hygiène de la commune débarquent et lui demandent des analyses de contrôle de qualité pour l'eau qu'il utilise. Da L'hadj avoue qu'il ignorait complètement qu'il fallait analyser son eau. Qu'à cela ne tienne, muni de ses échantillons, il prend aussitôt la direction d'Alger pour se conformer à la loi. Au bout d'une semaine d'attente, le laboratoire d'analyse algérois qu'il sollicite lui envoie les résultats : c'est de l'eau minérale, donc commercialisable. Sceptique, Da L'hadj refait les analyses. Il sollicite un laboratoire parisien cette fois-ci, mais les résultats sont têtus : c'est une eau minérale d'une qualité rare. A l'époque, la seule eau minérale que possédait l'Algérie est Saïda. Une marque pionnière qui a tellement marqué les esprits que les Algériens continuent encore aujourd'hui à donner son nom à toutes les eaux minérales sans distinction.
Dix ans de démarches
Définitivement convaincu par le laboratoire parisien et encouragé par des amis et des proches, Da L'hadj va alors s'atteler à réaliser une usine d'embouteillage. Nous sommes en 1986 et il faudra à cet homme qui s'obstine à caresser un rêve insensé 10 ans de démarches pour le faire aboutir. D'autres se seraient découragés. Pas lui. Son éternel optimisme et sa ténacité arrivent à triompher d'une décennie complète de tracasseries administratives, bureaucratiques et bancaires avant de voir la première bouteille d'eau minérale sortir de la chaîne. Ce premier pas franchi, il lui faudra une autre décennie pour faire de sa marque un label reconnu, apprécié et respecté. Premier investisseur privé dans le domaine, Laïd Ibrahim fera toujours la course en tête reléguant bien loin ses concurrents directs. Sa bouteille au design novateur pour l'époque trône sur toutes les tables y compris celles des présidents et des ministres. Aujourd'hui, tous produits confondus, été comme hiver, ses usines tournent H24 à une cadence effrénée mais n'arrive toujours pas à satisfaire la demande. Peu de gens le savent encore mais, même réunis, les deux géants américains spécialistes du soda qui se sont implantés en Algérie n'égalent pas sa production qui, soit dit en passant, s'exporte très bien. Pétri de ces valeurs montagnardes qui font la part belle au travail, au sérieux, à la discrétion et à l'humilité, les Ibrahim père et fils continuent leur petit bonhomme de chemin sans tambour ni trompettes. Après avoir mis son entreprise sur l'orbite de la réussite, Da L'hadj en confie les rênes à ses enfants. Mais au lieu de savourer une retraite tranquille et bien méritée, il relève un autre défi et se lance à corps perdu dans l'oléiculture en achetant tous les terrains dont les propriétaires veulent bien se débarrasser. C'est ainsi qu'au fil des années, il s'est constitué un vaste domaine où l'olivier règne en maître absolu. Ses oliviers, Da L'hadj les bichonne et les traite comme des êtres vivants auxquels on doit le respect. « Je ne veux pas qu'au jour du Jugement dernier, un arbre me demande des comptes pour avoir été négligé », aurait confié Da L'hadj à l'un de ses proches. Comme pour tous les hommes de l'ancienne génération, l'olivier est un arbre sacré qui ne symbolise pas seulement la paix mais la vie. Le Kabyle, qu'il soit de la plaine ou de la montagne, partage avec cet arbre totémique des valeurs de rusticité, de solidité, d'endurance et d'enracinement dans l'humus profond de la patrie. Quand on interroge Da L'hadj sur le secret de sa réussite, plutôt qu'à une recette miracle, cela tient à des principes qu'il s'est toujours appliqués d'abord à lui-même. « Je suis sévère et très exigeant », dit-il. « J'exige la propreté, la sincérité et la politesse », ajoute-t-il. « Remplis ton cœur de bien et travaille et Dieu sera avec toi. Le travail et le sérieux, voilà ce qui compte », nous dit-t-il encore.
La passion de la terre
C'est toutefois quand il parle de sa passion pour la terre que le personnage se révèle et révèle la passion qui l'habite. « J'aime passionnément la terre. Le travail de la terre, c'est ma vie et ma première vocation. Le matin, dès que je mets le pied dans l'exploitation, j'oublie mes problèmes et mes soucis. A dire vrai, ces terres qui reverdissent, cela me donne plus de bonheur et de fierté que cette usine que vous voyez là. La terre et les oliviers sont éternels alors qu'une usine quelle qu'elle soit, ça peut s'arrêter du jour au lendemain à cause d'une guerre, d'un incendie ou de n'importe quoi. La terre, je ne l'aime pas avec des mots, mais avec mon cœur et mes mains. J'en prends soin tous les jours que Dieu fait. Quand j'ai acheté cette terre, c'était de la forêt et des ravins pleins de roches et de cailloux. J'ai défriché, nettoyé, ramené de la terre pour habiller les terrains nus, greffé les oléastres, taillé, irrigué, fertilisé et ce n'est pas fini. La terre, c'est tous les jours qu'il faut en prendre soin. Sans relâche. » Ce qui est encore admirable, c'est qu'au moment où des bénéficiaires des aides de l'Etat vendent leur matériel et oublient de rembourser les banques, dans l'exploitation Ibrahim tout a été réalisé sur fonds propres. Da L'hadj n'a pas reçu un seul centime des deniers publics. Ce qu'il fait, il le fait d'abord par conviction : « Il n'y a de vrai que la terre, et l'agriculture est la base du développement. Il est temps de passer à la vitesse supérieure pour rattraper notre retard, ne serait-ce que par rapport au Maroc et à la Tunisie », dit-il. Cet homme profondément croyant pense que Dieu l'a comblé d'assez de richesses pour ne rien attendre de l'Etat. Altruiste et profondément humain, il met sa fortune au service de ses compatriotes et de son pays bouclant ainsi un processus naturel. L'argent de l'eau retourne à la terre pour l'irriguer. Le paysan retrouve ses racines et l'olivier la place qui a toujours été la sienne. C'est le cycle éternel de la vie.


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