Jeudi matin. Commune de Hydra où se trouve le siège national du parti du Front de libération nationale (FLN). La ville huppée sombre dans une journée hivernale. La pluie furieuse fait fuir les jeunes dans des salons de thé où ils sirotent lentement et doucement leur boisson. Le vote ? « Peut-être l'après-midi ou jamais », réplique Hamid, la trentaine, ne voulant guère lâcher son parapluie. Pourtant, à quelques kilomètres de là, le siège du FLN arbore une grande ambiance politique. A l'intérieur de la salle d'honneur, on visionne des vidéos de la campagne électorale menée par Belkhadem et celles du président Bouteflika. Les responsables plantent le décor : des brouhahas incessants, des sourires et puis on sert du café, du thé et des gâteaux. Une atmosphère de victoire. Le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, fait le premier pas en se dirigeant vers la commune d'El Mouradia pour accomplir son devoir électoral. Sur les lieux, en sa qualité de chef du gouvernement, il considère ces élections comme le parachèvement de la construction des institutions de l'Etat. « Ces élections élargissent la participation politique pour permettre aux citoyens de choisir leurs représentants au niveau local », souligne-t-il, en ajoutant que « lorsque les leaders politiques multiplient les promesses et les slogans, les citoyens boudent les meetings ». Il a tenu à souhaiter un taux de participation supérieur à celui des législatives du 17 mai, en dépit des conditions climatiques défavorables. Retour au siège du FLN. La direction de la campagne électorale, sous la présidence de M. Frikha, est sur le qui-vive. Au fil des heures, tout un staff suit les taux de participation par le biais des mouhafadhas et des kasmas, mais aussi de la télévision. On signale ici et là des dépassements dont serait victime le parti, comme ce chef de daïra qui s'afficherait contre le FLN. « Là où il y a des patriotes, le FLN rencontre des entraves », analyse M. Frikha. Il ajoute : « Nous avons fait deux campagnes : l'une pour la participation, et l'autre pour voter FLN. ». A midi, il juge le taux de participation faible. Sur l'écran, le ministre de l'Intérieur vient d'annoncer un taux de 4% arrêté à 10 h, puis, un taux réconfortant de 20% à 13h. Toutefois, les habitants de Hydra se montrent toujours réticents aux urnes. Au centre de vote Lala Khadidja, un responsable déplore le manque d'enthousiasme des citoyens. « On a tout fait, mais ils ne veulent pas voter », lâche-t-il dépité. Dans le bureau 36, sur les 328 inscrits, seuls 34 ont voté jusqu'à 15 h30. Même atmosphère au centre des Frères Rouabah, qui totalise 9 bureaux. Sur les 3748 inscrits, seuls 339 ont voté jusqu'à 15 h. Un taux de 9,04%. « C'est un taux faible par rapport aux législatives du 17 mai », commente le chef du centre, qui signale, au passage, des dépassements dont seraient responsables des représentants de candidats, en semant l'anarchie durant les premières heures de la matinée. Au siège du FLN, le ministre de la Communication, Rachid Boukerzaza, fait son apparition et lance une phrase laconique : « Le taux de participation sera meilleur que celui du 17 mai. » Puis, à 20h, M. Belkhadem anime un point de presse dans lequel il annonce que le premier souci du parti est de rester en première position. Par ailleurs, il indique la prochaine révision du code communal ainsi que l'augmentation des budgets des communes. « Il faut donner plus de prérogatives aux élus pour qu'ils puissent dire leur mot dans les projets », explique-t-il, en insistant sur la révision de la fiscalité des communes. « Les finances locales posent problème », a reconnu le SG du FLN. Enfin, il annonce la tenue d'un congrès extraordinaire du FLN avant la présidentielle.
