Des centaines d'étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont investi hier la rue pour revendiquer une meilleure prise en charge autant sur les plans social que pédagogique. A l'initiative de la coordination des comités de cités universitaires (Targa Ouzemour, Iryahen, 1000 Lits et 17 Octobre 1961), une longue marche les a conduits du campus universitaire au siège de la wilaya. Le principal motif de cette manifestation vient du problème d'hébergement qui a fait que « 1900 nouveaux étudiants, dont quelque 700 à 800 filles, sont à ce jour non hébergés », avancent des représentants de cette coordination qui, tout en reconnaissant l'existence du phénomène des extras qui occupent les cités « U », le relativisent en considérant insignifiant leur nombre. L'opération d'assainissement entreprise par les responsables des œuvres sociales après la dernière visite du ministre de l'Enseignement supérieur à Béjaïa ne constitue pas aux yeux des étudiants une solution à même de dégager autant de places. « Pour héberger 1900 étudiants, il ne faut pas moins qu'une nouvelle cité universitaire », suggèrent-ils. Le déficit en structures d'accueil a généré une surcharge dans des chambres universitaires qui accueillent par « esprit de solidarité » plus d'étudiants résidents que ne le permet leur capacité théorique. « On nous a proposé d'héberger cinq par chambre à Targa Ouzemour », s'est plaint un représentant de cette nouvelle structure estudiantine, qui fait le lien entre la dégradation des conditions de vie dans les cités « U » et les 500 étudiants triplants exclus l'année dernière. Le problème d'hébergement s'avère être un véritable casse-tête pour les responsables des cités « U ». Le responsable de la cité d'Iryahen, saturée, trouve toutes les difficultés du monde à trouver des places pour près de 1000 nouveaux bacheliers orientés vers cette cité qui tente d'aller au-delà de sa capacité d'accueil qui est de 3000 lits. Lors de sa dernière visite dans la wilaya, M. Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, a déclaré, en soulignant le phénomène des extras, qu'il faut ramener le taux d'hébergement de 72% qu'enregistre Béjaïa à « la norme nationale qui ne dépasse pas les 52% ». Les cités universitaires de Béjaïa offrent un total de 12 200 lits. Les manifestants ont également déploré le « manque de transport sur le nouveau campus d'Aboudaou » et « l'absence d'un encadrement de qualité » pour le nouveau système LMD. « Ce système est sévère envers l'étudiant », pense-t-on, tout en reconnaissant ne pas être suffisamment informés sur les détails. Un choix ou une obligation ? « Il y a des cas de recours acceptés, mais orientés vers ce système », affirme un étudiant. Dans une déclaration commune, les comités des quatre résidences universitaires et des nouveaux bacheliers de Béjaïa réclament, sous peine de réinvestir encore une fois la rue, de régler le problème de l'hébergement mais aussi celui de l'encadrement, et exigent des « réformes de fond et non de forme », une gestion sereine et une liberté d'action pour « les associations qui servent l'étudiant ».
