Sur une table, le portrait de Georges Habache jeune, kefieh autour du cou et sourire dans le regard. Le drapeau rouge du FPLP, ceux de la Palestine et du Liban encadrent le portrait. Beyrouth : De notre envoyé spécial Un cahier de condoléances ouvert. Tout autour, des chaises accueillent sympathisants et anciens compagnons de combat du chef du FPLP. Le petit siège d'Al Djabha achaabiya dans ce camp de réfugiés palestiniens, que nous ne nommerons pas à la demande de certains militants, ne suffisait pas à accueillir tout le monde. Une grande salle a été aménagée et suivant la tradition palestinienne, l'on a disposé des plateaux de cigarettes devant les personnes venues présenter les condoléances. « Il est mort propre. Il est parti sans faire la moindre concession », chuchote Nabil, ancien commando du FPLP recherché par Israël depuis plus de vingt ans. « Mais il est parti alors que chez nous, les affrontements entre Palestiniens (Hamas et Fatah) ont fait plus de victimes que ne l'espérait l'ennemi », ajoute-t-il, amer. A côté de lui, le vieux Abou Samra, l'un des premiers militants du FPLP, partage la même amertume : « El Hakim – surnom de Georges Habache – ne pourra même pas être enterré en Palestine. L'ennemi le refuse. Et il n'est pas le seul. » Des jeunes arrivent, kefieh autour du cou. Pour la plupart, ils ont connu Habache à travers leurs parents qui ont milité pour la cause. « La cause ? Lutter pour la démocratie dans des pays lointains est une cause, mais la Palestine est plus qu'une cause, c'est notre chair et notre sang », lâche l'une des jeunes dont le père était un compagnon de Habache depuis les études de ce dernier à Beyrouth.
