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Mourad Chebbine. Directeur de la rédaction de la chaîne américaine Al Hurra
« On ne peut pas évoluer avec une seule chaîne de télévision nationale »
Publié dans El Watan le 31 - 01 - 2008

Voilà plus de 14 ans que vous avez quitté l'Algérie. Qu'est-ce qui a motivé votre départ ? Comment s'explique d'après-vous l'exode massif des journalistes de l'ENTV vers les chaînes arabes ? Est-ce pour des considérations purement professionnelles liées à la liberté de ton, à l'évolution des carrières et aux salaires attractifs ou est-ce dû au climat d'insécurité ?
Tous ces éléments ont leur importance. J'ai toujours éprouvé plus de respect pour les gens qui sont restés et qui ont résisté en Algérie. Même si moi je n'ai pas pu le faire. Le contexte précédant notre départ à l'étranger était difficile. Chaque semaine, un journaliste était exécuté. Moi, je suis parti vers octobre 1994. Je n'avais pas d'autre choix. Sur le plan sécuritaire, on était sans défense, livrés à nous-mêmes. Je me rappelle qu'à cette époque un directeur de l'Entv avait 5 gardes du corps pour sa protection personnelle alors que nous, qui étions pourtant plus exposés puisqu'on passait à l'écran, on n'avait droit à rien. Pour obtenir une chambre « sécuritaire » à l'hôtel Al Manar ou ailleurs, il fallait convoquer de solides connaissances. Mais la menace terroriste n'est pas l'élément déterminant. Car sur le plan purement professionnel, c'était catastrophique. Le verrouillage de la télévision a repris dès 1992 avec en prime une nuée d'opportunistes qui a pu nous isoler. En définitive, on n'avait plus notre place. J'ai dû partir comme beaucoup d'autres, parce qu'il n'était plus possible pour nous de continuer à exercer le métier dans de pareilles conditions. Aujourd'hui, hélas, la situation n'est pas meilleure. La télévision algérienne, avec tout le respect que je dois aux journalistes professionnels de la chaîne, est des plus lamentables qu'il nous a été donné d'observer. Pas seulement sur le plan de ce qu'elle présente et produit, mais de plus en plus la qualité technique et artistique s'éloigne des critères internationaux. En 1990, on était en avance sur tous les plans par rapport aux pays arabes. C'est loin d'être le cas maintenant. La télévision est devenue un moyen pour se faire de la fortune. Des sociétés privées produisent n'importe quoi et vendent à coups de millions de dinars. Une telle situation ne peut que pousser les journalistes à vouloir partir. Et ils ont raison de saisir les offres qu'on leur fait de l'étranger. Vous évoquez les salaires, c'est important pour un journaliste d'être bien payé. Toucher 1500 ou 2000 dollars par mois n'est pas comme recevoir dix fois moins comme c'est anormalement le cas en Algérie. En octobre 1994, j'ai donc pris un billet d'avion, un « aller simple » pour les Emirats arabes unis sans vraiment avoir eu de propositions concrètes.
Comment évaluez-vous à présent votre première expérience à Dubai TV ?
Cela a duré quand même 12 ans. Je suis l'un des rares journalistes qui suis resté aussi longtemps aux Emirats. Les débuts ont été certes difficiles, parce que d'abord la société émiratie était différente de la nôtre, conservatrice et copiait le modèle anglais. Cela se répercute bien évidemment sur la façon d'exercer le journalisme. Le premier jour, je me suis présenté et j'ai décliné ma nationalité algérienne, on m'a répondu qu'il n'était pas possible de me recruter car on pensait à tort qu'on ne parlait pas arabe. Il a fallu donc faire ses preuves et travailler plus dur que les autres, Egyptiens ou Libanais, numériquement supérieur à nous, Algériens. A partir de 1996, j'ai été nommé rédacteur en chef.
Qu'est-ce qui fait d'après vous le succès des journalistes de la télévision à l'étranger ?
Nous étions d'abord très bien formés et nous avions aussi comme bagage l'expérience de l'ouverture du début des années1990. Sur le plan individuel, ces journalistes ont fait preuve de compétence. Mais quand il s'agit d'évoluer dans l'entreprise, à l'intérieur d'un système à la HHC qui le bâillonne, les résultats sont médiocres. Avec une seule et unique chaîne, on ne pourra jamais évoluer. Pourquoi serions-nous le seul peuple dans le monde à être condamné à vivre avec une chaîne unique ? Si on nous considère incapables à ce point d'assumer une autre chaîne, c'est que nous les Algériens nous devrions être classés parmi les… Je pense qu'il y a urgence à moderniser la politique et à abolir tous les archaïsmes. C'est là une condition sine qua non pour la réussite de cette ouverture.
Après 12 ans au service de Dubai TV vous quittez pour Al Hurra...
Oui. A partir de 2004/2005, beaucoup de journalistes ont commencé à quitter Abou Dhabi TV, et ce, suite à une décision du gouvernement des Emirats de la transformer en chaîne généraliste. Les autorités ne voulaient pas en réalité d'une chaîne politique, comme l'est Al Jazeera, devenue un véritable casse-tête pour le gouvernement du Qatar. J'ai rencontré plusieurs fois le ministre de l'Information et il me disait que dans « son pays, l'économie et le business ont plus d'importance que la politique ». Et puis d'un autre côté, cela se comprend : ils veulent rester conséquents avec eux-mêmes. Ils disent qu'ils ne peuvent pas se permettre le luxe de critiquer à titre d'exemple les élections en Algérie, alors que chez eux on ne sait même pas ce qu'est une élection. Ils ont commencé par diminuer d'une manière sensible le volume d'information et je me suis retrouvé presque à ne rien faire : une seule émission par semaine. J'ai dû quitter la chaîne pour aller rejoindre Al Hurra à Washington.
Comment vous êtes-vous convaincu d'un tel choix ? Vous est-il paru difficile de passer carrément dans « l'autre camp » et travailler pour une chaîne américaine ?
J'ai choisi de venir à Al Hurra parce que je voulais d'abord changer de contexte géographique… Et moi qui voulais une autre expérience, je me suis retrouvé dans un petit Moyen-Orient à Washington (rires), avec tous les journalistes du monde arabe. Al Hurra est une expérience encore nouvelle pour être évaluée. L'ambiance au sein de la rédaction est la même que dans toutes les rédactions arabes. La différence se manifeste sur le plan du management. Les Américains qui chapeautent la chaîne sont nettement plus ouverts, accordent plus de liberté. Parmi nos journalistes, il y a ceux qui réagissent plutôt bien, d'autres pensent à tort qu'ils sont là pour faire dans la propagande pro ou antiaméricaine. Moi je me contente de faire mon travail correctement et de présenter les choses telles qu'elles sont, sans parti pris. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde. J'ai pour ainsi dire un grand problème avec des chaînes comme Al Jazeera qui font passer l'audience avant les critères professionnelles. Al Jazeera incarne pour moi tout ce que je ne veux pas être et faire. Quand on court derrière l'audience, on ne s'encombre pas du respect des règles élémentaires de l'exercice de la profession : on devient populiste, on caresse le téléspectateur arabe dans le sens des poils. On lui fait voir et entendre ce qu'il a envie de voir et d'entendre et s'il est sous-développé, il n'en est absolument pas la cause, mais c'est la faute de l'Occident et de l'Amérique ! Et si par malheur, il ne sait pas s'adapter à la modernité, ce n'est toujours pas de sa faute, c'est plutôt celle de la modernité. Pour revenir aux « scrupules » qu'on pourrait éprouver en intégrant une chaîne financée exclusivement pas les Américains, je dois vous dire qu'il n'y a pas lieu d'en avoir. Toutes les chaînes sont financées par tel personnage ou tel organisme. La chaîne Abou Dhabi est financée par le gouvernement des Emirats… et c'est pareil pour toutes les autres. Al Hurra, ce n'est pas l'administration Bush qui la finance mais le Congrès américain, donc le peuple américain. Le conseil d'administration de la chaîne est composé de 4 membres du parti démocrate et 4 républicains. Si les journalistes d'Al Hurra osent critiquer la politique de Bush, notamment sur la guerre contre l'Irak, il n'est pas de même pour les chaînes arabes. Al Jazeera s'est-elle déjà permis de critiquer l'émir du Qatar ? Jamais. Il est aussi vrai de dire que cette chaîne a ses objectifs qui pourraient être assimilés à de la propagande. Al Hurrra, la voix de l'Amérique au Moyen-Orient, se veut être d'abord un outil pour expliciter la politique américaine et susciter la compréhension des peuples de la région.
Mais comment concilier l'exercice propre de la profession de journaliste avec le cahier des charges de la chaîne dont vous ne niez pas les missions de propagande ?
Avant de venir ici, j'ai lu plusieurs interviews données par le directeur de la chaîne. Il lui assigne une mission similaire à celle confiée à la radio La voix de l'Amérique pendant la guerre froide. On a plusieurs chaînes concurrentes, dont Al Jazeera, qui verse, elle, dans la propagande pour les islamistes et pour certains autres mouvements. Cela ne cadrait pas avec la vision que j'ai du métier, qui veut qu'on s'efforce constamment de montrer qu'un événement peut comporter plusieurs vérités. Al Hurra est l'émanation de la société pour qui l'ouverture, la liberté et la démocratie ne sont pas que des concepts creux. Encore une fois, il faut faire le distinguo entre la société américaine et la politique américaine qui pose problème surtout dans notre région. La politique étrangère américaine est orientée, comme c'est de notoriété publique, vers la satisfaction des intérêts américains et des intérêts des puissants lobbies. Pour moi, en tant que journaliste, j'essaye de profiter de cet environnement pour faire mon travail de journaliste.
Pensez-vous revenir bientôt et reprendre votre job à l'ENTV ?
Pour le moment, cela ne doit pas servir à grand-chose. Je suis plus utile à mon pays ici. Cela étant, il ne faudrait pas dramatiser. La mobilité des journalistes est à prendre comme un phénomène naturel dicté par les impératifs de la mondialisation. Pour les Etats, ce phénomène peut au contraire se révéler plus rentable. Le gouvernement égyptien incite, à titre d'exemple, les journalistes à partir vers les chaînes étrangères pour établir des rapports de force au sein des rédactions qui seront en faveur de la politique et de l'image du pays. Ils gardent en même temps leurs salaires et leur statut dans leur pays.


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