L'attentat perpétré avant-hier à El Aouana dans la wilaya de Jijel et qui a fait deux morts et dix-sept blessés, sonne indubitablement comme un sérieux avertissement de la part des groupes terroristes. Le fait de soupçonner que les terroristes auraient eu vent du déplacement du commandant des forces terrestres, le général-major Ahcène Tafer, incite à l'inquiétude. En effet, c'est toute une armada d'officiers supérieurs, dont le commandant de la 5e Région militaire et son adjoint ainsi que le commandant du secteur opérationnel de Jijel qui se trouvaient à Jijel. Les deux derniers faisaient partie du convoi attaqué et des informations donnent le commandant du secteur de Jijel grièvement blessé. Selon des indications, la forte pression de l'armée sur les groupes terroristes à Boumerdès, puis en Kabylie, semble avoir poussé une centaine d'entre eux à rejoindre les maquis de Jijel, où ils opèrent par groupes de quinze personnes. A cela, il convient d'ajouter l'information qui fait état de l'incorporation d'une quarantaine de nouvelles recrues originaires de Constantine. C'est une « armée » de 38 terroristes qui vient ainsi renforcer les rangs après la reddition de deux recrues. Certains n'hésitent pas à avancer l'idée que les groupes terroristes seraient tentés d'établir leur nouveau quartier général dans la région. Juste après cet attentat, une opération militaire de grande envergure a été déclenchée dans région avec l'arrivée de renforts en troupes, en matériel militaire et en hélicoptères. Cet attentat intervient aussi à un moment où la wilaya de Jijel enregistre une recrudescence des actes terroristes. Cette même région d'El Aouana avait, rappelons-le, enregistrée la mort mercredi dernier d'un militaire tandis qu'un autre avait été blessé. Le 5 mars dernier, trois agents de sécurité travaillant pour l'entreprise Spas qui assure la surveillance pour le compte de Sonelgaz avaient été assassinés à Tizrarane dans la commune de Ziama Mansouriah. Quelques jours avant, un agent de sécurité de la même entreprise de surveillance avait été tué à Laâdjarda (commune de Chekfa) sept de ses collègues avaient été blessés dans un attentat à la bombe alors qu'ils assuraient la sécurité de travaux d'électrification de l'entreprise Kahrif. Le gazoduc alimentant en gaz naturel l'essentiel de la wilaya de Jijel avait été saboté le 27 février dernier au niveau de la localité de Beni Abbes (commune d'El Ancer), privant ainsi la population pendant deux jours de gaz. Le 22 février, un acte de sabotage a touché un train arrivant vers Jijel qui a été la cible d'un attentat à la bombe à la limite avec la wilaya de Skikda. Onze jours plus tôt, un attentat a été perpétré contre la voiture du P/Apc d'Erraguène qui a eu fort heureusement la vie sauve.
