La délocalisation de l'activité de la pêche est un sujet d'une brûlante actualité qui alimente les débats à Ghazaouet. L'inquiétude qui se fait autour de cette réflexion c'est de savoir où va-t-on construire le nouveau port de pêche ? Dans une interview accordée à la revue « AD Fratres Port », éditée par l'entreprise portuaire de Ghazaouet, le chef de Daïra estime que le port de Ghazaouet est saturé. Cette saturation, selon lui, est due essentiellement à la présence d'une importante flottille de pêche. De ce fait, la délocalisation de cette activité s'avère indispensable pour son propre essor, d'abord, et ensuite pour permettre aux autres activités de se développer correctement. Cette déclaration a suscité l'inquiétude de la population en général et de la corporation de la pêche en particulier, qui, par un passé récent, s'est énergiquement opposée à l'idée de la délocalisation de la pêche. « La pêche à Ghazaouet n'est pas seulement un métier mais une tradition qui se perpétue de père en fils depuis des siècles. On ne saurait évoquer l'histoire de Ghazaouet sans parler du port de pêche, dont la destinée est étroitement liée à notre culture. Aussi, la pêche est l'une des principales ressources économiques de la ville », répliquent les professionnels. Pour le chef de Daïra, « le port de Ghazaouet compte trois activités et le nombre de quais et de moles est très limité. Dès lors, le port a besoin de plus d'espace. Aussi, le transport maritime des passagers connaît à son tour une nette évolution. Il est donc indispensable de mettre tous les moyens en œuvre pour permettre à ce secteur de se développer davantage. Mon souhait aussi est de développer le secteur de la pêche. La flottille de pêche atteindra à l'horizon 2010 plus de 200 embarcations, toutes catégories confondues. Mais, le développement de ces trois activités ne peut se concrétiser qu'avec la séparation physique des activités. » Autre raison évoquée par notre interlocuteur, « la sécurité ». Asphyxie Explication : « Un port est une frontière internationale, donc il est régi par des dispositions réglementaires de sûreté et de sécurité internationales. C'est une science exacte, même si le risque zéro n'existe pas. Or, dans l'état actuel des choses, vu la cohabitation des différentes activités, peut-on appliquer la sécurité telle qu'elle nous est exigée ? Pour cela, et dans l'intérêt du développement du port (commerce et voyageurs) et pour permettre le développement du secteur de la pêche, il est nécessaire, voire urgent de réaliser un port de pêche pour l'épanouissement de l'activité. Quand à la localisation de ce futur projet, elle relève exclusivement du bureau d'études compétent qui est le laboratoire des études maritimes (LEM). » De leur côté, les responsables de l'entreprise portuaire estiment que « les infrastructures portuaires actuelles ne peuvent contenir toutes ces activités sans contraintes, et qu'il est indispensable d'augmenter les capacités infrastructurelles à l'effet de les épanouir en parfaite symbiose et dans l'intérêt général, en évitant son asphyxie ». Pour les responsables de l'entreprise portuaire, « délocaliser une activité, c'est simplement la transférer, c'est aussi la décentraliser. C'est aussi la déplacer d'un mole à un autre ou d'un quai à l'autre pour éviter les conflits intersectoriels qui risquent de pénaliser le développement de la région ».
