Human Rights Watch (HRW) a appelé mercredi la Libye à clore un "chapitre sombre" de son histoire en rendant justice aux familles des victimes du massacre commis en 1996 dans la prison d'Abou Slim sous le régime de Mouammar Kadhafi. "Seize ans après le massacre de la prison d'Abou Slim, les Libyens peuvent enfin espérer qu'on leur rende justice", a indiqué dans un communiqué Fred Abrahams, conseiller spécial de HRW. "Cela signifie retrouver les corps, identifier et punir les personnes responsables du crime", au cours duquel plus de 1.200 détenus avaient été exécutés en 1996 par leurs geôliers, a-t-il ajouté. "Cela va aider à clore ce chapitre sombre de l'histoire du pays", a-t-il estimé. Située à Tripoli, cette prison de haute sécurité était tristement célèbre pour la torture et les violations des droits de l'Homme qui y étaient commises sous le régime du colonel Mouammar Kadhafi qui a régné d'une main de fer pendant 42 ans jusqu'à son renversement et sa mort en 2011. HRW souligne que le 16ème anniversaire du massacre, les 28 et 29 juin, offre aux familles des victimes "la première opportunité de commémorer la tragédie de 1996 sans crainte de la répression". Le régime de Kadhafi a gardé le silence sur ces meurtres jusqu'en 2001, quand il a commencé à informer quelques familles de victimes du sort de leurs proches, dont une qui apportait nourriture et vêtements à la prison toutes les semaines sans savoir que le détenu était mort, rappelle HRW. C'est l'arrestation du chef de l'association des familles de victimes le 15 février 2011 à Benghazi (est) qui est à l'origine de la révolte ayant renversé Kadhafi. Plusieurs gardiens et hauts responsables ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire et font l'objet d'une enquête du procureur militaire. HRW a exhorté les autorités à leur réserver un "traitement humain" et des "procès équitables". La Libye réclame l'extradition de l'ex-chef des renseignements libyens Abdallah al-Senoussi, détenu en Mauritanie et est également recherché par la France et la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle dans le massacre.