Soixante-neuf islamistes des Emirats arabes unis, jugés pour complot, ont été condamnés mardi à des peines allant de 7 à 15 ans de prison, ont rapporté les médias émiratis. Vingt-cinq autres prévenus ont été acquittés par le tribunal fédéral suprême, dont les jugements sont sans appel. Selon la télévision officielle d'Abou Dhabi, les plus lourdes peines de 15 ans de prison ont été infligées à des accusés en fuite. Dans un enregistrement partiel de l'énoncé du verdict, diffusé par la même chaîne, le juge Falah al-Hajéri a prononcé 56 condamnations à 10 ans de prison. L'agence officielle Wam a précisé que le juge avait également prononcé des peines de 7 ans de prison à l'encontre de cinq des accusés. L'énoncé du verdict s'est déroulé en l'absence de la presse étrangère et d'observateurs d'organisations internationales de défense des droits de l'Homme, tenus à l'écart depuis l'ouverture du procès. Le 27 juin, trois ONG --Human Rights Watch, Amnesty International et Alkarama-- ont affirmé avoir reçu 22 lettres manuscrites qui pourraient avoir été envoyées par certains des 94 islamistes depuis leur prison, faisant état de "mauvais traitements systématiques, dont la torture". Des proches des accusés ont affirmé que des certains des membres des familles des prévenus n'avaient pas été autorisés à assister au verdict alors qu'ils avaient pu assister à plusieurs audiences du procès. Le procès des 94 membres ou sympathisants du mouvement Al-Islah, un groupe proche des Frères musulmans, s'était ouvert le 4 mars. Arrêtés entre mars et décembre 2012, ces islamistes, dont des avocats, des étudiants et des juges, ont été accusés de "faire partie d'un groupe secret illégal visant à prendre le pouvoir" et "d'être entrés en contact avec des groupes étrangers pour exécuter leur plan". Dans une lettre ouverte au président émirati, cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, publiée début mai sur des sites islamistes, ils ont affirmé avoir été "injustement accusés d'avoir projeté de prendre le pouvoir" aux Emirats. Ils ont assuré qu'ils "font toujours acte d'obéissance au chef de l'Etat". Parmi eux figurent Cheikh Sultan Ben Kayed Al-Qassimi, un cousin du souverain de Ras Al Khaimah, l'un des sept membres de la fédération des Emirats, qui a écopé de 10 ans de prison. Un avocat spécialisé dans les droits de l'Homme, Mohammed al-Roken a écopé de la même peine. Son fils, Rached, a été en revanche acquitté. La fédération des Emirats, l'un des pays les plus riches du monde, a été épargnée par la vague de contestation populaire dans le monde arabe.