BENGHAZI (Libye) - Les médecins de Benghazi, dans l'est de la Libye, cherchent à évacuer des dizaines de blessés graves vers l'étranger, après les heurts meurtriers ayant opposé des manifestants aux forces pro-Kadhafi, a indiqué mardi un responsable des services de santé. Les hôpitaux de Benghazi, ville aux mains de l'opposition, traitent plus de 1.000 personnes aux blessures plus ou moins graves, a indiqué Suhail Al-Atrash, qui dirige les services de santé dans le conseil municipal formé cette semaine. "Les opérations sont aujourd'hui à un niveau de presque 85% par rapport à la normale et nous avons des médicaments pour tenir de neuf à douze mois", a-t-il dit. "Mais il y a une centaine de blessés qui ont besoin d'une opération chirurgicale à l'étranger. Nous avons réussi à en envoyer quelques-uns en Tunisie à bord d'un bateau", a-t-il expliqué. Certains médecins de la ville ont indiqué qu'ils manquaient de médicaments, mais M. Atrash a affirmé que du matériel d'urgence venu d'Egypte leur donnait au moins trois mois de stocks, en plus des six mois au moins qu'ils avaient jusqu'ici. Au moins 250 personnes, selon M. Atrash, ont été tuées à Benghazi dans les affrontements avec les forces fidèles au "Guide de la révolution" libyenne Mouammar Kadhafi. Mais les hôpitaux sont incapables de donner un bilan définitif des morts, plus d'une semaine après la libération de la ville, un certain nombre de corps manquant. Certains corps ont été emmenés par des pro-Kadhafi, tandis que d'autres ont été enterrés par leurs familles, sans passer par les hôpitaux, a expliqué M. Atrash. Deuxième ville de Libye avec 700.000 habitants, Benghazi, située à 1.000 km à l'est de Tripoli, a lancé le 15 février la contestation populaire réclamant le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a estimé qu'il y aurait environ un millier de morts depuis le début de l'insurrection dans le pays. Au 15e jour d'un soulèvement sans précédent, Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Mais l'opposition n'hésite plus à défier le pouvoir dans les faubourgs de la capitale.