L'historien Jean-Luc Einaudi a souligné l'apport "incontestable" de l'immigration algérienne au mouvement national, regrettant que des exécutions capitales en France de combattants algériens condamnés à mort et le regroupement d'autres dans des centres d'internement soient à ce jour "ignorés" et "dissimulés" par les autorités françaises. "Le rôle de l'immigration algérienne a été essentiel en France à partir même des années 20 du siècle dernier durant lesquelles on a assisté au développement d'un mouvement contre la domination coloniale", a indiqué M. Einaudi lors d'une conférence-débat animée vendredi au consulat d'Algérie à Bobigny, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance. En plus de l'action armée, portée pour la première fois en terre ennemie dès août 1958 avec les incendies des raffineries de Mourepiane (Marseille), il évoquera l'apport logistique de l'immigration algérienne en France à la Révolution algérienne, affirmant que les cotisations des travailleurs immigrés étaient la "principale source de financement du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne)". L'historien mentionnera, à cette occasion, les actions de "représailles" dont ont fait l'objet les Algériens à l'époque de la guerre de Libération nationale, signalant notamment la torture qui, a-t-il affirmé, était utilisée "massivement en Algérie, mais aussi en France". Selon l'historien, rares sont en France ceux qui savent qu'il a y eu des camps d'internement dans la région du Larzac (sud) et à Saint-Maurice L'Ardoise (Gard). "Ce sont des prisons qui sont devenues des lieux d'éducation politique, de lutte aussi avec des grèves de la faim", a-t-il ajouté, faisant, par ailleurs, part de nombreux assassinats, de disparus parmi les militants et cadres du FLN. Affirmant s'exprimer en tant que citoyen français, M. Einaudi a tenu aussi à livrer son témoignage d'historien sur quelque chose qui lui tenait "à cœur" : l'exécution de combattants algériens condamnés à mort. "Les exécutions capitales ont eu aussi lieu en France et ont ciblé des combattants de la Fédération du FLN. Elles ont pour théâtre les prisons de la Santé, de Montluc à Lyon, de Dijon et, peut-être, d'autres lieux", a-t-il indiqué, signalant que cela est "absolument ignoré, dissimulé". L'historien a rendu hommage à la contribution de l'immigration algérienne au mouvement national en rappelant sa participation à la manifestation, réprimée dans le sang, du 17 octobre 1961 à Paris, pour braver le couvre-feu discriminatoire imposé par le préfet de police Maurice Papon, aux Algériens.