« Nous avons eu des entretiens approfondis et très utiles sur la crise malienne. Et avec la délégation américaine qui a accompagné la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton et avec Mme Anne Elisabeth Jones, son assistante pour les Affaires du Proche-Orient », affirme une source sûre insistant sur une conviction des deux parties : l'impossibilité de concevoir une sortie de cette crise complexe sans une approche globale conforme à la résolution 2071 du Conseil de sécurité qui « a fait, depuis, l'objet d'une démarche visant à dégager un concept stratégique basé sur le dialogue et insistant sur la centralité des Maliens dont son organisation ». « Ce n'est pas un souhait mais une nécessité », nous explique notre interlocuteur précisant que les Algériens et les Américains ont convenu de créer un mécanisme bilatéral pour continuer à se consulter et travailler ensemble sur cette question malienne. Y compris au niveau des Nations unies. Outre cette convergence de vues, les Etats-Unis, qui ont rappelé à l'occasion le rôle leader joué par l'Algérie dans l'élaboration et la mise en œuvre des bonnes pratiques visant à tarir les sources de financement du terrorisme, y compris l'aspect relatif à la criminalisation du paiement des rançons, et notre pays sont d'accord sur au moins trois autres points et pas des moindres. Primo, le respect de l'intégrité territoriale du Mali. « Elle n'est pas négociable », dit-il. Deusio, le renforcement du leadership à Bamako à travers la tenue des assises nationales. Tertio, l'engagement d'un dialogue politique avec les Touareg qui ont des revendications légitimes et qui acceptent de se dissocier du terrorisme et du crime organise. Quant à la lutte contre le terrorisme, notamment Aqmi et les narcotrafiquants du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), les deux pays relèvent l'existence d'une relation étroite entre les deux fléaux. Si les Algériens et les Américains conviennent qu'al-Qaïda et le Mujao sont, de loin, les deux principales menaces qui pèsent sur le Mali et la région, ils conviennent aussi que leur éradication par tous les moyens y compris la force, revient à la communauté internationale.Celle-ci, nous dit-on, doit trouver impérativement et de toute urgence une solution à trois problèmes cruciaux : comment stopper l'exfiltration d'armes de Libye, empêcher l'arrivée des renforts de djihadistes au Nord du Mali, (les Américains estiment à 5.000 le nombre de terroristes qui pourraient rejoindre le Sahel pour appuyer Aqmi) et enfin comment aider Bamako à consolider le leadership et recouvrer sa souveraineté. Les Algériens et les Américains veulent donner une chance à la solution diplomatique et tendre la main au mouvement Ansar Dine que la plupart des connaisseurs de la région jugent « fréquentable » et sans lien avec Aqmi. Pour Johnnie Carson, le Monsieur Afrique du département d'Etat américain, « tout engagement militaire doit être bien planifié, bien géré, bien financé et mené par des Africains ».