La prière des tarawih est recommandée aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Elle peut être également pratiquée à la maison, plus particulièrement pour les femmes. Mais nombreuses sont celles qui préfèrent l'accomplir dans les maisons d'Allah, cela leur permet d'écouter la récitation du Coran et de bénéficier de la prière en groupe, salat El djamaâ. Quelques minutes après l'iftar, les mosquées deviennent un lieu de déferlement synchronisé pour de nombreuses femmes jeunes et moins jeunes. Autrefois fréquentée essentiellement par les personnes âgées, la mosquée n'est plus aujourd'hui l'apanage de cette catégorie. Les jeunes femmes et jeunes filles y sont légion. On s'empresse de laver la vaisselle juste après la rupture du jeûne et de ranger la table pour pouvoir être à l'heure au moment de l'appel du muezzin à la prière de l'icha. Le temps étant court entre le maghreb et les tarawih, il faut bien ordonner la maison avant de sortir. Elles convergent vers ces lieux de culte de toutes parts, en groupes, seules ou accompagnées qui de son fils, qui de sa fille, qui de son mari ou entre copines et voisines. Elles viennent en voiture ou à pied. C'est selon. Rien ne les empêche de se rendre à la moquée, y compris leurs bébés ou leurs enfants en bas âge. Les premières arrivées préfèrent s'asseoir au fond de la mosquée pour s'adosser au mur mais aussi pour pouvoir sortir les premières une fois la prière terminée. Hormis celles qui fréquentent la mosquée dans le seul but d'invoquer Allah, d'écouter le Coran psalmodié par l'imam et dont le cœur est plein de dévotion pour le Tout-Puissant, profitant de ce mois sacré, d'autres, par contre, ont des comportements inacceptables. On se plaît à choisir le coin quitte à déranger celles qui se sont déjà installées comme si on était dans une salle de fêtes et, comble de bizarrerie, on réserve même les places. Et gare à celle qui ose s'asseoir dans un lieu réservé à une autre : une copine ou une voisine qui n'est même pas encore arrivée comme s'il s'agit d'une propriété privée. A croire que la mosquée est devenue un lieu de retrouvailles où on fait ce qu'on veut. Tous les moyens sont bons pour garder ces places : une serviette, une bouteille d'eau, un sachet en plastique ou encore un portable. Pis, on s'adonne à des discussions interminables pendant le prêche. Les remarques bienséantes de l'imam pour un retour au silence n'ont généralement aucun écho auprès des chahuteuses. L'on est en droit de se demander : que viennent-elles faire dans un endroit pareil ? Vraisemblablement, les motivations des unes et des autres sont multiples. L'on sait pourtant que le but principal est d'écouter le prêche de l'imam et faire la prière derrière lui dans la sérénité et la dévotion. Dans la maison de Dieu, on n'a pas le droit à la détente, aux discussions utiles et inutiles. C'est cela le premier et dernier objectif de la présence des fidèles dans ces lieux de culte. Cependant, il y a apparemment comme un effet de mode pour ce qui est censé relever de la spiritualité. Quand on voit le comportement des unes et des autres dans la salle de prières, notamment parmi les adolescentes, l'on se dit qu'il vaut mieux faire sa prière chez soi. Une habituée des mosquées pendant le Ramadan nous dira qu'elle a carrément cessé d'y aller à cause de l'ambiance tumultueuse qui règne dans ces lieux de culte. « Des femmes perturbent l'assistance par leurs entrées et sorties justifiées ou non justifiées donnant parfois des coups de pied à celles qui sont assises ou en pleine prière, cela n'est pas normal dans la maison de Dieu », dit-elle avec regret. A la fin de la prière, c'est une autre scène déplorable. Les bousculades, les réprimandes, la course vers la sortie, le chahut. En fin de compte, on sort comme on est entré sans le moindre enseignement.