Salah Khaldi, artiste « textile » autodidacte, expose, depuis le vingt-deux du mois en cours jusqu'au vingt-quatre octobre à l'Institut français d'Alger, une douzaine d'œuvres. Véritable réalisation textile en mouvement continuel, son œuvre, faite de ficelles, raconte dans un mélange de couleurs subtilement agencées, un pan de notre culture. Elle irrigue et entretient la mémoire. Ce que l'artiste touche, il le transforme en chef-d'œuvre. D'une chaise bancale, par exemple, il fait une authentique œuvre artistique. Originaire de Guelma, simple et austère, cet artiste artisan offre, pourtant au public, une œuvre loquace qui se décline sous un magnifique jeu de couleur et de surface. Il entame des études d'architecture, puis opte pour la restauration d'œuvres d'art pendant une quinzaine d'années. Il devient lui-même un créateur à part entière. L'œuvre de cet artiste taciturne est une réelle chorégraphie qui se réinvente perpétuellement. Contraste saisissant : autant l'artiste parle peu, autant son œuvre respire la vie. L'exposition souligne également la richesse du patrimoine immatériel algérien. Salah Khaldi a hérité des anciens maître tisseurs et filateurs la passion de faire, à partir de simples matériaux, de véritables œuvres artistiques. Il a affirmé, en marge de la cérémonie du vernissage qui s'est déroulée dans l'après-midi de mardi dernier en présence d'un public averti, utiliser une technique qui lui est propre. Pour lui, la difficulté de réaliser une œuvre artistique réside essentiellement dans la façon de sa matérialisation. Aussi convoque-t-il, lorsqu'il ébauche une œuvre, la genèse de l'art du tissage pour le faire évoluer à travers l'espace et le temps. « Je travaille beaucoup sur le patrimoine algérien pour aller vers l'universel. A la façon d'un marin, j'essaie de nouer des nœuds pour donner, ensuite, naissance aux œuvres », a-t-il expliqué. En ce qui concerne sa muse, il a affirmé s'inspirer de la musique et, surtout, de la poésie universelle. Il a, par ailleurs, souligné que l'artiste ne doit pas se suffire de l'inspiration. « Un artiste accompli, à mon avis, a besoin d'inspiration, mais aussi de transpiration. Autrement dit, de la persévérance », a-t-il soutenu. A la question de savoir si les autorités en charge de la culture soutiennent les créateurs du beau et du sens, il a précisé qu'un artiste ne demande pas la charité, ni l'assistanat. Il a besoin, selon lui, d'encouragement et de reconnaissance. Il est à noter que, dans le cadre de la promotion de jeunes plasticiens, l'institut en question a pris l'initiative, louable, de mettre à leur disposition, trois mois durant, les murs des escaliers qui mènent vers la salle des expositions pour leur permettre la réalisation d'œuvres et, partant, faire étalage de leur savoir-faire.