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Psychose dans les maternités
Après l'enlèvement du petit Leith au CHU de Constantine
Publié dans Horizons le 09 - 06 - 2014

« Ma fille vient d'accoucher d'un garçon et je ne suis pas tranquille, elle aussi, elle est stressée et ne dort presque pas, surtout qu'elle est la seule dans la chambre à avoir eu un garçon. On a confiance en personne et on guette le moindre mouvement. Ce qui s'est passé à Constantine est un drame dont nul n'est à l'abri » Pour les enquêteurs, il s'agit de réseaux structurés qui sévissent dans les établissements de santé, impliqués également dans le détournement des médicaments, de sang mais aussi dans le vol des bébés pour probablement les vendre pour adoption à des prix allant jusqu'à 15 millions de centimes.
Des futurs papas sont mobilisés à l'entrée des services de maternité, à l'exemple de Yacine, rencontré avant-hier à la maternité du CHU Mustapha-Pacha d'Alger. « Je suis stressé depuis l'enlèvement du nouveau-né à l'hôpital de Constantine. On est interdit d'accès au service en dehors des horaires de visite, c'est une bonne chose, si seulement elle est appliquée à tout le monde. Malheureusement, des personnes étrangères circulent en toute liberté dans le couloir du service », constate ce jeune papa qui avait « instruit » sa femme de garder le nouveau-né à ses côtés et ne le remettre au personnel soignant qu'en présence de sa grand-mère. Une vieille dame, interdite également d'accès à la même maternité, fait elle aussi office « de garde du corps ». « Ma fille vient d'accoucher d'un garçon et je ne suis pas tranquille, elle aussi, elle est stressée et ne dort presque pas, surtout qu'elle est la seule dans la chambre à avoir eu un garçon. On a confiance en personne et on guette le moindre mouvement. Ce qui s'est passé à Constantine est un drame dont nul n'est à l'abri », déplore-t-elle. Nacer se souvient de son « aventure » à la maternité de Belfort à El Harrach. « Ce n'est pas une maternité, c'est un souk. On ne peut pas y distinguer le médecin de la sage-femme ou de la femme de ménage », dit-il. Et de proposer : « il y a une police de métro, une police de tramway, pourquoi ne pas instaurer une police des hôpitaux et mobiliser des policiers formés pour la sécurité des nouveau-nés ». Même avis de Hafida qui plaide pour le recrutement d'agents de sécurité qualifiés. « Quand on va à l'hôpital, il y a toujours des agents de sécurité qui nous font un interrogatoire avant de nous laisser entrer aux urgences », note-t-elle. S'agissant des mesures prises par le ministère de la Santé, qui consistent essentiellement en la mise en place de caméras de surveillance dans les hôpitaux, des citoyens estiment qu'il est urgent de mettre un système de surveillance préventif. « Le personnel médical doit porter un badge ou un tablier sur lequel sont mentionnés son nom et sa fonction », souligne un enseignant à Alger.
De vraies fausses infirmières
L'enlèvement d'un nouveau-né d'une maternité n'est pas une première. Plusieurs cas ont été enregistrés ces dix dernières années au niveau des hôpitaux du Centre, de l'Est et de l'Ouest du pays. Près de 98% de ces affaires n'ont pas été solutionnées et les bébés n'ont jamais été retrouvés. Selon les enquêtes des services de sécurité, il s'agit du même scénario : une femme, déguisée en infirmière, prétexte un vaccin et prend le bébé. Les nouveau-nés ciblés sont généralement de sexe masculin. Seul un nouveau-né de sexe féminin a été enlevé ces 15 dernières années, il s'agit de Ritege enlevée en 2010 du service de pédiatrie de l'hôpital Sainte-Thérése, de la wilaya d'Annaba. Pour les enquêteurs, il s'agit de réseaux structurés qui sévissent dans les établissements de santé, impliqués également dans le détournement des médicaments, de sang mais aussi dans le vol des bébés pour probablement les vendre pour adoption à des prix allant jusqu'à 15 millions de centimes. Les réseaux ciblent les nouveau-nés des mères célibataires. « Ce sont des proies faciles. Ces bébés sont généralement abandonnés par leurs propres mères », précise Malika, une sage-femme. « Ils sont détournés et vendus en toute discrétion sans attirer le moindre doute, contrairement à un bébé qui a une famille et des parents qui vont le réclamer », ajoute-t-elle. Mais pour les enquêteurs, les auteurs des derniers enlèvements « s'aventurent » pour des objectifs financiers ou pour des règlements de compte avec les parents. « Ce genre d'enquête exige un travail de renseignement. La collaboration du citoyen est importante. Un témoignage peut orienter les investigations, notamment dans la constitution d'un portrait-robot du suspect », précise un enquêteur de la police judiciaire. Pour preuve, le coup de filet des enquêteurs de la BRI (Brigade de recherches et d'investigations) de la Sûreté de la wilaya de Blida, le 18 mai dernier, a été réalisé grâce à un renseignement fourni par un citoyen. En effet, deux sages-femmes exerçant au niveau de la maternité de l'hôpital Ben Boulaïd ont été interpellées par les policiers en flagrant délit de vente d'un nouveau-né. Ce citoyen s'est présenté à l'hôpital de Blida à la recherche d'un nouveau-né abandonné par ses parents biologiques en vue d'une adoption. Suite à quoi, une souricière a été tendue aux deux sages-femmes qui seront arrêtées en possession de 15.000 DA qu'elles venaient d'empocher. Le cas du nouveau-né Leith n'est pas le premier à l'Est. Un autre bébé, Abdelmoumen, avait disparu dans des circonstances similaires de la maternité de l'hôpital Ibn Rochd d'Annaba. Même scénario : à l'heure de la visite, dans l'après-midi, le bébé a été enlevé par une prétendue infirmière qui s'est approchée de la jeune maman, lui demandant de le lui remettre afin de le faire vacciner. Un quart d'heure plus tard, la mère demande à ce qu'on lui ramène son bébé ; au service de gynécologie on lui répond que le bébé ne s'y trouvait pas. Au Centre du pays, le nouveau-né Yakoub, enlevé par une inconnue de la maternité de l'hôpital de Belfort, l'a jamais été retrouvé. Au CHU Mustapha-Pacha, les policiers ont réussi à récupérer un nouveau-né enlevé en février dernier. Sa ravisseuse a été identifiée, et l'enfant a été retrouvé sain et sauf à bord d'un taxi dans la wilaya de Chlef.
Manque de sages-femmes et d'agents de sécurité
Les enlèvements perpétrés dans les établissements publics de santé ne seraient-ils pas une preuve de mauvaise gestion qui serait à l'origine de l'insécurité ? Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi, estime que le nombre insuffisant d'agents de sécurité, de sages-femmes et le manque de formation dans les établissements hospitaliers sont à l'origine de cette situation. « L'enlèvement des nouveau-nés est un problème de société. Les hôpitaux sont devenus le théâtre d'agressions contre le personnel médical. Quand on parle d'insécurité, il est urgent d'analyser les raisons. Il faut savoir que le nombre d'agents de sécurité est insuffisant car les gestionnaires ont des postes budgétaires limités », explique-t-il. Pour lui, le nombre limité d'agents de sécurité ne permet pas un contrôle strict et rigoureux du fait que ces derniers sont dépassés par la charge de travail. Même situation pour le personnel médical « livré à lui-même, notamment dans les maternités où la charge de travail est infernale ». « Le nombre de sages-femmes a baissé ces dernières années. Il faut savoir que leur formation a été arrêtée durant presque dix années et on est confronté à un manque flagrant de sages-femmes et de gynécologues », affirme le docteur Yousfi.
Assistance psychologique des parents
Sur le plan psychologique, les spécialistes plaident pour une prise en charge psychologique des parents des nouveau-nés enlevés, notamment les mamans. « La disparition d'un enfant est dure pour une famille et l'enlèvement d'un bébé quelques heures après sa après naissance est plus grave, surtout pour la maman qui risque de développer des troubles post-traumatiques », explique Wassila Boukaoula, psychologue clinicienne. Pour elle, la maman d'un bébé disparu ne peut pas faire le deuil, et sa douleur est plus profonde que celle qui a enterré son enfant, ce qui va développer chez elle une réaction de déni. « Elle n'admet pas son non-retour. Son subconscient refuse d'admettre la vérité et attend son retour imminent parce qu'elle souffre énormément de sa disparition », explique la psychologue. Cette situation provoque chez la maman stress, angoisse suivie parfois de dépression. L'état d'une maman d'un nouveau-né peut s'aggraver pour développer des troubles psychosomatiques qui vont perturber sa relation avec son époux et son entourage familial à cause d'un déséquilibre mental et psychique qui peut conduire à un échec ou à une déchirure familiale, avertit la psychologue.


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