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« Plus de 40.000 pompiers ont bénéficié de prestations sociales durant l'année 2013 » Le lieutenant-colonel Ali Brouri, sous-directeur de l'action sociale de la Protection civile
Quelle est la mission de la sous-direction de l'action sociale ? Pour la mise en application du plan d'action, notamment la prise en charge de ses personnels, la Direction générale de la Protection civile dispose d'une sous-direction de l'action sociale. C'est dans ce contexte, d'ailleurs, que le facteur humain est pris en charge aux plans central, régional et local, et ce, par la création de bureaux locaux pour gérer au mieux toutes les doléances des personnels sur les plans médical, social, psychologique, sportif, culturel et de loisirs. Toutes les directions de wilaya de la Protection civile sont dotées d'un bureau de l'action sociale où l'on trouve une commission des œuvres sociales élue ou désignée par le partenaire social, renforcée par des médecins généralistes, des dentistes, des psychologues et des assistantes sociales. Leur mission consiste en la prise en charge des pompiers en activité, en retraite et des ayants droit. Comme on a procédé à la décentralisation des œuvres sociales, nos fonctionnaires peuvent bénéficier des différentes prestations au niveau local, loin des inconvénients du déplacement. C'est là un grand acquis. Cette mesure s'inscrit dans la politique du DGPC, le colonel Mustapha Lehbiri, qui a axé sa stratégie sociale sur le logement, la santé et l'accès aux soins qui reste une priorité majeure. Des efforts ont été déployés par la direction générale en vue d'améliorer la situation socioprofessionnelle de ses fonctionnaires, dont la mise en place de textes réglementaires ayant abouti à l'adoption d'un nouveau statut des agents de la Protection civile qui prend en charge l'ensemble de leurs préoccupations. Le souci incontestable du pompier reste le logement. Comment ce volet a été pris en charge par vos services ? Le logement est une priorité du plan d'action de la DGPC. Un dispositif est mis en œuvre, notamment concernant l'octroi de prêts immobiliers pour les différentes formules de logement. Je peux citer l'octroi d'un crédit de 300.000 DA pour les formules AADL et LSP (logements social participatif). Les crédits sont accordés selon le coût du logement et la région. 3.610 fonctionnaires de la Protection civile en ont bénéficié durant l'année 2013, et près de 20.000 durant les cinq dernières années. Plus de 88% des pompiers ont bénéficié, l'année dernière, de prêts ou de prestations sociales. L'autre souci est la prise en charge médicale du pompier qui accomplit des missions difficiles au quotidien... La prise en charge médicale des pompiers a connu, également, une importante évolution, en témoignent les acquis obtenus. Ainsi, les agents de la Protection civile et leurs ayants droit bénéficient de diverses prestations médicales à titre gracieux, non seulement au niveau des établissements affiliés à la Protection civile, mais aussi auprès des cliniques privées spécialisées et des centres d'imagerie médicale, notamment dans le Grand-Sud, avec lesquels les commissions des œuvres sociales locales établissent des conventions. Des agents ont même bénéficié d'une aide allant jusqu'à 40 millions de centimes pour des interventions chirurgicales à l'étranger. La prise en charge médicale à l'adresse des personnels et de leurs ayants droit a été renforcée. De même pour l'aide sociale pour les ayants droits et les familles des victimes du terrorisme, des accidents de travail, les agents handicapés ainsi que les retraités. Le métier d'agent de la Protection civile est classé en deuxième position parmi ceux les plus stressants. Qu'en est-il de la prise en charge psychologique ? La DGPC dispose de 50 psychologues répartis à travers le territoire national. Ils sont chargés de plusieurs missions lors du recrutement et durant la carrière professionnelle de l'agent. Ils effectuent des investigations psychologiques d'aptitude à la profession, dont les tests psychotechniques, préalables au recrutement, à l'insertion professionnelle (période de stage), durant la carrière, à l'aptitude au commandement (promotion). Les psychologues sont chargés, essentiellement, d'assurer les campagnes de dépistage des personnes fragiles, ils détectent les agents qui présentent des troubles du comportement. Mais les pompiers sont en contact permanent avec le danger et la mort. Ils sont témoins de scènes d'horreur. Y a-t-il un suivi quotidien ? Effectivement, le psycho-traumatisme est un corollaire menaçant l'agent à tout instant au cours de sa vie professionnelle. Les psychologues prennent en charge les pompiers témoins de catastrophes de grande ampleur et de survenance d'accidents graves. En outre, il y a des débriefings après toute intervention. C'est une méthode permettant la verbalisation et, de ce fait, la prévention de la survenance du psycho-traumatisme. Notre travail n'est pas seulement lié à la catastrophe, on a opté pour la prévention à travers l'établissement d'études sur la stratégie de prévention et de prise en charge du psycho-traumatisme. Il s'agit d'une étude prospective menée au niveau des wilayas avec audition des agents ayant comme objectif de définir, précisément, le perçu et les effets de la pression subie. Quels sont les cas de pression les plus répandus ? Selon la dernière étude, les accidents de la route et domestiques, ainsi que les feux de forêt, industriels et domestiques sont les plus fréquemment vécus, en moyenne plus de cinq fois dans une carrière. Les inondations, les séismes, les effondrements et ceux du fait de l'homme (anthropiques) sont les moins rencontrés dans la vie professionnelle des agents auditionnés. Il y a une pression ressentie selon le type d'intervention. Elle est très forte, par exemple, lors de séisme, l'anthropique, les explosions et forte lors des feux de forêt, des inondations et des incendies industriels. Il y a, également, la pression provoquée par un incident critique suite à une vision d'images abominables d'un corps déchiqueté ou décomposé, suivie de la blessure d'un collègue en intervention. Vous avez également établi des études sur les accidents de travail... Les accidents de travail sont en nette baisse. On a enregistré 342 cas en 2014, avec un recul sensible par rapport aux années précédentes. On a mis en place une fiche signalétique sur les types d'accidents de travail, l'heure, le lieu et le statut de la victime. C'est sur la base des données de cette étude qu'on a pu lancer une campagne de sensibilisation au niveau des wilayas qui ont enregistré le plus grand nombre d'accidents sur le port obligatoire de gants et de godasses lors des interventions. La majorité des accidents ont eu lieu lors de la relève, durant la matinée. Les blessures sont constatées généralement au niveau des membres inférieurs et supérieurs et de la tête. On a informé nos agents que la tenue réglementaire est un moyen de protection individuelle. La volonté de la DGPC est de ramener le taux de risque à 0%. Le sapeur-pompier n'est pas à l'abri de maladies professionnelles ? Les pathologies les plus fréquentes sont l'hernie discale, causée généralement par le levage des brancards, les maladies orthopédiques, traumatologiques et celles relatives à la sphère ORL. La prévention est le moyen le plus efficace. Lors des compétitions de sport adapté, on a tenté d'inculquer les bons gestes de secours et d'intervention, notamment lors de l'évacuation des blessés. En outre, on vient de lancer une vaste campagne de dépistage de l'hépatite C au centre du pays. Elle a touché 15 wilayas. Près de 19.939 agents ont été dépistés. L'objectif est de maintenir le pompier en bonne santé. On a également fait signer à l'ensemble des directions de la Protection civile du territoire une convention avec la médecine du travail. Tout le personnel est soumis à l'examen médical, c'est obligatoire. C'est l'un des métiers les plus exigeants tant au niveau psychologique que physique... Justement, c'est dans le cadre de l'adaptation physique du sapeur-pompier qu'on a organisé le premier challenge national du sport adapté au métier d'agent de la Protection civile. Une manifestation qui rappelle, à ceux qui exercent le métier, la place prépondérante qu'occupe la pratique sportive. On a lancé plusieurs compétitions à l'instar de la meilleure conduite de camion d'incendie tout-terrain dans un parcours particulièrement difficile, de la meilleure équipe secouriste ambulancière doublée de la conduite d'ambulance, de la course d'équipe avec port de brancard, de la course avec un sac à dos d'un poids de 30 kg, du test de la planche irlandaise, du monter à la corde, de la nage libre et de manœuvre de sauvetage en mer, sans oublier le parcours du pompier. Et côté loisirs ? L'objectif est de préserver la bonne santé morale de nos fonctionnaires. Nous travaillons et œuvrons pour le maintien du moral des troupes. C'est dans cette optique que l'action sociale a accordé un intérêt aux loisirs. La DGPC a développé une stratégie tous azimuts dans ce domaine. Il s'agit notamment des centres de repos implantés dans le cadre d'un découpage géographique régional et de l'organisation de sessions annuelles de colonies de vacances pour les enfants des pompiers. On a des projets en cours, à l'instar du centre de regroupement familial à Cherchell qui est en phase de finalisation. Il sera réceptionné très bientôt. Trois autres projets sont en cours de réalisation.
