La Gendarmerie nationale vient de se doter d'une base nationale de données animales contenant toutes les informations concernant l'élevage de bétail, notamment ovin, de la naissance jusqu'à l'abattage. L'objectif est le développement de la filière de l'élevage, la croissance de l'économie nationale et la sécurité alimentaire. L'élevage est l'un des principaux facteurs du développement de l'économie rurale du pays. Le cheptel ovin occupe une place importante dans l'économie nationale. Son effectif est estimé à 34 millions de têtes, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture. L'élevage ovin représente ainsi près de 80% de l'effectif total du cheptel national. L'élevage assure un revenu à 800.000 familles. Toutefois, les vols de cheptel sont devenus fréquents et répétitifs. Face à cette situation, la GN vient de créer un fichier national des éleveurs. « Il s'agit d'une banque de données renfermant le nombre, l'identification du cheptel, son mouvement, les moyens de transport utilisés par les éleveurs fichés et recensés ainsi que leurs salariés à l'exemple des bergers », a annoncé, à Biskra, le responsable de la communication de cette institution, le colonel Abdelhamid Kerroud. Le fichier, opérationnel et en cours d'alimentation (il a atteint 2%), constituera une mesure efficace dans la lutte contre le vol de cheptel. « Il permettra aussi de préserver le patrimoine animalier et d'assurer la stabilité des éleveurs », a précisé l'officier supérieur. Cette banque de données a pour objectif principal l'augmentation de la production animale et la stabilité des éleveurs sédentaires ou nomades. En outre, le commandement de la GN a suggéré la participation des représentants des secteurs de la Santé, de l'Agriculture et du Commerce dans les réunions sécuritaires de wilaya au niveau national. « Cette proposition a été adoptée, depuis le début du mois de ramadhan, dans certaines wilayas afin d'impliquer ces responsables dans la lutte contre ce fléau et la préservation du patrimoine animalier », a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse. Difficile d'enquêter sur le vol de cheptel Le fichier a été mis en place suite à une étude analytique du phénomène. Elle a fait ressortir les difficultés rencontrées par les enquêteurs dans les affaires de vol de cheptel non recensé. Les victimes surévaluent le préjudice ou font de fausses déclarations. En outre, la majorité des étables ne sont pas surveillées durant la nuit et aucune mesure de sécurité n'est prise par les éleveurs en érigeant un mur de clôture ou en les dotant d'un système d'éclairage, note le rapport. A ces insuffisances, s'ajoute l'éloignement des étables des lieux de résidence des victimes. « Ce sont des endroits isolés, généralement pas couverts par les réseaux de téléphonie mobile », a-t-on précisé. Les chemins non classés et les pistes facilitent la mobilité des malfaiteurs. Les voleurs agissent généralement la nuit, dans la majorité des cas cagoulés, dans des enclos non gardés. Des vols sont commis sous la menace d'armes blanches. Le cheptel volé est destiné à la vente dans les marchés de bétail. La GN a recours à la police technique et à l'expertise scientifique de l'Institut national de criminologie et de la criminalistique dans les enquêtes sur ces vols. Plus de 1.100 vols en 8 mois Le dispositif sécuritaire déjà mis en place depuis le début de l'année a donné ses fruits. Une baisse de 11% en matière d'affaires traitées, de 8% pour les individus arrêtés et de 15% du cheptel volé a été enregistrée durant les huit premiers mois par rapport à l'année passée. Les chiffres demeurent alarmants. Selon un bilan rendu public, 1.157 vols de cheptel ont été enregistrés par les unités de la GN à travers le territoire national. Ils ont occasionné un préjudice de 18.312 têtes volées. Les enquêtes ont permis l'arrestation de 901 individus, dont 401 ont été placés sous mandat de dépôt, et la récupération de 12.346 têtes de bétail volées durant la même période. C'est une hausse de 2% par rapport à la même période de l'année passée. L'analyse de ce phénomène a révélé que la catégorie des ovins demeure la plus convoitée par les malfaiteurs avec un total de 16.655 têtes, suivie par les caprins et les bovins. Selon la cartographie des vols, les onze wilayas du centre occupent la première position en matière. Les wilayas les plus touchées sont Djelfa, Aïn Defla, Alger, M'Sila et Tizi Ouzou. Elles sont suivies par les wilayas de l'Est, notamment Batna, Souk-Ahras, Guelma, Tébessa, Bordj Bou-Arréridj, El Tarf et Khenchela. A l'Ouest, le plus grand nombre de cas a été enregistré dans les wilayas de Sidi Bel-Abbès, Tiaret et Mascara. Le phénomène a été également constaté dans le Sud, notamment à Biskra, Laghouat et El-Oued au Sud-Est. Le rapport fait état de la baisse des affaires de vol de cheptel au Sud-Ouest de 70% durant les premiers huit mois, « grâce au renforcement des mesures sécuritaires au niveau des frontières », a-t-on expliqué. Les enquêteurs ont constaté, d'autre part, 14 cas de vol où 202 têtes ont disparu dans les wilayas de Béchar, Adrar et Tindouf. Par ailleurs, le commandement de la GN a rappelé la mise en place d'un plan préventif spécial à l'occasion de l'Aïd El Adha. Il consiste en l'organisation d'opérations de sensibilisation en direction des éleveurs et leurs salariés, la multiplication des patrouilles et des barrages, de jour comme de nuit, notamment à l'approche de la fête. La présence d'escadrons de la sécurité routière a été renforcée, notamment pour le contrôle et l'identification des transporteurs de cheptel et de leurs moyens de locomotion. Des descentes des Sections de sécurité et d'intervention ont été déjà menées dans des marchés hebdomadaires. Enfin, l'album photos et le fichier des personnes impliquées dans les vols de cheptel ont été mis à jour.