Candidat à sa propre succession, le président ivoirien veut remporter, dès le premier tour, le scrutin présidentiel qui s'est déroulé, hier, dans un climat marqué par le risque d'une forte abstention. Une crainte qui ne devait pas néanmoins peser sur le vote. Parce qu'il s'agit, comme souligné par de nombreux observateurs de la politique ivoirienne, d'une élection fondamentale pour tourner définitivement la page des violences meurtrières qui avaient suivi le scrutin de 2010 et faisant plus de 3.000 morts. Plus de 6 millions d'électeurs étaient appelés à s'exprimer pour choisir parmi les six candidats dont Alassane Ouattara. La commission électorale indépendante a prorogé de trois jours la date limite de retrait des cartes d'électeur, et le gouvernement a lancé des campagnes tous azimuts pour inciter les Ivoirien à aller voter. Pour éviter les contestations, un dispositif d'authentification biométrique des électeurs a été mis en place pour le scrutin dont les résultats seront collectés et transmis par voie électronique des bureaux de vote à la commission électorale afin de parer aux critiques de bourrages d'urnes et de fraude. Sur le terrain, quelque 34.000 soldats, dont 6.000 Casques bleus, ont été déployés à travers le pays, la sécurisation de l'élection constituant une préoccupation majeure pour des observateurs qui plaident pour un scrutin inclusif et apaisé pour le retour définitif de la paix. Seul devant une opposition divisée, le président Ouattara sait pourtant que l'ombre de son prédécesseur Laurent Gbagbo (en attente de son jugement pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale), plane sur l'élection. Cette crainte est incarnée par son principal challenger, Pascal Affi N'Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI) fondé par Gbagbo qui jure de prendre sa revanche malgré le boycott du scrutin par une partie de son parti, par fidélité au « Grand chef ». Par ailleurs, trois autres candidats, l'ex-ministre des Affaires étrangères Amara Essy, l'ex-président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly et l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, se sont retirés de la course pour « ne pas se rendre complices d'une mascarade électorale », selon les termes de Essy. Au regard de ces défections, la victoire au premier tour d'Alassane Ouattara ne fait plus de doute. Il reste à être situé sur les statistiques du scrutin notamment le taux de participation. Faute désormais d'adversaire à sa mesure, le scénario du « coup KO » paraît probable à la veille du scrutin plus proche d'une victoire par abandon. Tel est du moins la tendance lourde du scrutin qui ne semble pas afficher de grandes surprises.