La romancière et critique Aïcha Kassoul indiquera, dans un langage simple, que « si on parle de la critique en Algérie, on constate qu'il n'y a pas de critiques littéraires. C'est une espèce de médiocrité qui s'est installée, parce qu'on ne pousse pas les étudiants à lire les œuvres sans discrimination, sans minimiser du statut de l'auteur. L'essentiel, c'est qu'on encourage les gens à lire. Les difficultés rencontrées, c'est dû sans aucun doute au manque d'initiation à la lecture dès le plus jeune âge, en offrant le goût à la lecture, parce que la lecture est avant tout un plaisir. » De son côté, Mohamed Daoud, professeur de la littérature contemporaine à l'université d'Oran et conseiller au ministère de l'education, a posé la problématique de l'accompagnement du critique littéraire à l'écrivain. Pour lui, « cet accompagnement doit être subordonné à la qualité de création et de l'innovation faite par l'écrivain. Si l'écrivain innove, il attire l'attention des critiques. Par la même occasion, le critique peut avancer d'autres nouvelles parce qu'il est obligé d'effectuer des recherches. Je donne l'exemple de la polémique entre Barthe et Descartes autour de la critique traditionnelle et la critique nouvelle. La littérature est fatalement inscrite dans la nouveauté. Si elle ne se renouvelle pas, elle est vouée à la disparition. Dans notre cas, on a accusé du retard par l'effritement de l'élite intellectuelle. La preuve, nos universitaires rédigent des textes en reprenant d'anciennes théories ou passent carrément au plagiat. La seule critique qui fait émerger les hommes de lettres, c'est la critique journalistique qui rend des comptes sur des ouvrages. J'estime qu'il faut redynamiser la critique littéraire et cela passe par une pédagogie à travers l'école. » Pour sa part, le professeur de littérature et écrivain congolais, Mukala Kadima Nzuji, témoigne de l'expérience de la critique littéraire dans son pays : « La critique littéraire est un domaine extrêmement délicat dans la mesure où la critique est fortement liée à l'écriture et à la création. La critique se fait en fonction de la conception qu'on a du texte. Par conséquent, la critique émouvante a des théories et s'appuie sur des principes méthodologiques, elle évolue et stagne parfois. Au Congo, la critique littéraire se porte bien, mais c'est surtout la critique universitaire. Il y a des travaux qui se font au niveau de la thèse, des colloques et des séminaires. A côté de cela, la critique journalistique est extrêmement faible parce que ceux qui l'exercent n'ont pas toujours les outils nécessaires pour la faire. Souvent c'est la critique spontanée ou la critique d'humeur qui aide le livre à être connu. »