Non, ce n'est pas un film sur la mythologie grecque. Zeus n'est, en fait, que le nom du cargo sur lequel Manuel Teixeira Gomez a voyagé pour se rendre en Algérie avant de s'installer à Bejaïa. Mais qui est ce Gomez et pourquoi suscite-t-il autant d'intérêt ? Il y a encore quelques années, c'était un parfait inconnu. En Algérie, du moins. Mais depuis, le buste de Teixeira Gomez trône sur une placette au centre de Bejaïa et son nom orne le fronton d'un établissement scolaire. Un documentaire a même été produit sur cet ancien président du Portugal, déjà célèbre pour ses œuvres littéraires, qui a décidé de démissionner de son poste, écœuré par la montée du fascisme dans son pays, et reprendre sa vie d'homme libéré et libre. C'est ainsi, comme l'explique Mme Amina Bedjaoui-Haddad, productrice du film côté algérien, que Manuel Teixeira Gomez embarque, l'année 1927, sur le premier bateau en partance, un simple cargo baptisé Zeus, qui avait pour destination l'Algérie. Le réalisateur du film, Paulo Filipe Monteiro, a consacré sept années à l'écriture du scénario de cette fiction qui retrace le parcours de ce président pas comme les autres. Il est ensuite proposé à la coproduction à l'Algérie. La production est confiée à Pedro Bento qui associera la maison de production Moussa Haddad Prod. Mais, explique Amina Bedjaoui-Haddad, le scénario original, certes magistralement écrit, n'a pas réussi à obtenir l'assentiment de la commission de lecture en raison d'un intérêt nul pour l'Algérie. Mais, finalement, un accord est trouvé pour aménager le scénario, pour évoquer la situation coloniale et le bouillonnement du mouvement nationaliste, lui ouvrant finalement droit au quitus et à l'octroi d'une subvention de 4,5 milliards au titre du FDATIC débloqués par le ministère de la Culture, pour un budget de 7,9 milliards pour la partie du tournage qui concerne l'Algérie. Le premier tour de manivelle s'est déroulé à Djanet le 19 novembre dernier, pendant quatre jours, et s'est poursuivi le 25 novembre à Bejaïa, où l'équipe technique a trouvé toute l'aide nécessaire des institutions locales, s'est félicitée la productrice algérienne. Mercredi passé, une scène du film était en tournage dans l'enceinte de la Casbah où a été installé le décor d'un souk où déambulait la silhouette de l'acteur portugais Sinde Filipe, dans le rôle de Teixeira Gomez. Pendant que les équipes prenaient quelques rushes, Amina Bedjaoui-Haddad expliquait que Teixeira Gomez, qui s'est installé en 1929 à Bejaïa, s'établissant à l'hôtel l'Etoile, et où il y séjournera jusqu'à sa mort, ne s'est jamais compromis avec les autorités coloniales. Il entretenait même une solide amitié avec un Algérien, Mokrane, dont le rôle est campé par Idir Benaïchouche. Le cinéma, qu'il s'agisse de tournage de films ou de projections, prenant de plus en plus de place dans le paysage culturel de Bejaïa, la question de l'état des salles de cinéma n'ont pas manqué d'être évoquée avec le wali de Bejaïa, Ouled Salah Zitouni, qui avait tenu à assister à cette prise de vues. Il a ainsi indiqué que la salle de la cinémathèque sera réaménagée et rééquipée, de même que celle de la ville de Kherrata, tandis que la salle MonCiné, à Bejaïa-Ville, actuellement en piteux état, sera démolie et l'assiette de terrain récupérée pour accueillir des activités culturelles et de services.
