Avec ses 124 km de côtes paradisiaques, la wilaya de Mostaganem dispose d'atouts non négligeables pour détrôner bon nombre d'autres wilayas côtières et devenir la destination incontournable des estivants. Car, contrairement à beaucoup d'autres wilayas du littoral, Mostaganem est bien desservie en transport et se trouve parmi les plus accessibles. Avec deux pénétrantes de l'autoroute Est-Ouest, la wilaya est facilement joignable. De même qu'elle dispose d'un port de voyageurs qui fait le bonheur des émigrés. Mostaganem est reliée à Oran par l'autoroute, qu'on parcourt en une heure. Côté mer, si l'ouest de la wilaya est bien desservi, jusqu'à la frontière avec la wilaya d'Oran, au lieudit El Macta, la partie Est attend, elle, l'extension de la RN11 qui relie Mosta à Ténès, dans la wilaya de Chlef. Il faudra trois heures pour relier les deux villes en voiture sur une distance de près de 160 km. Il est vrai qu'une bonne partie de cette route a connu une extension, au grand bonheur des automobilistes et des estivants qui trouvent du plaisir à la parcourir. En revanche, dans la partie qui reste à réaliser, c'est le calvaire au quotidien. La RN11 se transforme à l'entrée de chaque village en ruelle où les bus et autres poids lourds ont du mal à se frayer un chemin, et l'afflux des vacanciers n'arrange pas vraiment les choses. La RN11 entre Ténès et Mosta est d'une envoûtante beauté. Des plages de sable fin s'étalent à perte de vue et des montagnes verdoyantes qui descendent vers la mer. L'endroit idéal pour se remplir les poumons d'air frais, avec ces pins maritimes et autres vignes. Nous empruntons la RN11 à partir de Ténès. A la lisère entre les wilayas de Chlef et de Mostaganem, dans la commune de Dahra, la route est barrée par des jeunes qui manifestaient contre l'interdiction de s'adonner au squat des plages et autres parkings. L'été est une opportunité pour les jeunes de la région de se faire de l'argent. Des responsables locaux finissent par les convaincre de dégager les pierres qui obstruaient le passage. Le décor est déjà planté, avant même que nous atteignions la première plage de la wilaya de Mostaganem, Dechria, pour ne pas la nommer. Sur la route, des plages paradisiaques s'offrent à la vue. Des dizaines de véhicules bien chargés et immatriculés en France, prennent le sens inverse. Des automobilistes s'arrêtent pour prendre des photos, admirer les beaux paysages ou piquer une tête, avant de poursuivre leur chemin. Les plages d'Aïn Brahim, El Marsa, le Petit Port, Hadjadj, Sidi Ali, Bousquet, Cap Ivi, Mazaghran, et jusqu'à celle dite Sonaghter, à l'entrée est de Mosta, sont d'une grande beauté. Le week-end, malgré l'afflux des estivants, il reste toujours des places. C'est tellement vaste que l'on se demande pourquoi les estivants préfèrent l'exiguïté d'ailleurs. Au centre-ville de Mosta, la plage de Salamandre reste la destination préférée des gens qui ne veulent pas trop se déplacer. L'endroit a besoin d'un sérieux lifting pour retrouver son lustre d'antan. Les Mostaganémois attendent avec impatience la réception du projet du tramway afin qu'ils puissent se déplacer un peu partout sans encombre. Plus à l'ouest, vers Oran, des plages d'une incroyable beauté s'étendent à perte de vue. Les Sablettes, Ouréah et Stidia restent, sans doute, les plus prisées, avec leurs dunes de sable qui s'étendent jusqu'à l'autoroute et des montagnes qui trônent de loin, offrant un paysage d'une beauté exquise. Une wilaya touristique en manque d'infrastructures Malgré ses atouts naturels et l'accès facile, la wilaya de Mostaganem reste à la traîne en matière d'infrastructures d'accueil. Pour le moment, les quelques hôtels et autres résidences privés édifiés sur le littoral n'arrivent pas à accueillir plus d'un millier d'estivants. La plupart d'entre eux sont situés près du centre-ville de Mostaganem, tandis que le reste de la côte reste affreusement vide, hormis de rares camps de toile, dont celui récemment ouvert à Cap Ivi. Des projets d'investissement dans le secteur touristique sont en cours de réalisation qui se concentrent essentiellement dans la zone des Sablettes. Entre petits hôtels et résidences touristiques, ces projets devraient offrir quelque 5.000 lits supplémentaires. La formule la plus prisée chez les investisseurs privés est celle des résidences composées de bungalows. Une formule qui, paraît-il, plaît aux estivants algériens. Dans son programme de développement, la wilaya prévoit le lancement de treize zones d'expansion touristique à travers plusieurs localités côtières, pour une capacité supplémentaire de plus de 1.200 lits. Pour le moment, seules les ZET de Cap Ivi et de Ramdane sont achevées. Les autres ne sont même pas encore lancées. Cette situation fait que bon nombre d'estivants évitent cette destination, et ceux qui y séjournent recourent au système D. Farouk est de ceux-là. Ce fonctionnaire d'Alger a l'habitude de se rendre à Aïn Brahim. « Je loue un niveau de villa chez une famille. C'est la troisième année consécutive que je viens ici. Je me sens comme un poisson dans l'eau », dira-t-il. Et de nuancer son propos : « Quand on vient ici, c'est pour couper avec le rythme infernal de la ville. Donc, je fais mes courses une fois par semaine à Mostaganem et je ne sors plus, sauf pour descendre à la plage qui se trouve à quelques mètres seulement de là où je suis. Ici, ni les cafés ni les gargotes ne m'inspirent confiance. » Salim, lui, est commerçant. Il vient de Sétif. C'est la première fois qu'il découvre la région. « Des amis m'en ont parlé et je me suis dit qu'il était intéressant de changer du décor de la corniche jijelienne et du brouhaha de la côte béjaouie. J'avoue que je suis agréablement surpris. Ici, on sent la paix, le calme et les gens sont vraiment sympathiques. La route entre le Petit Port et Mostaganem est parfaite, cela me permet d'aller de temps en temps flâner là-bas en famille et même de m'y rendre à Oran. » Les locations de maisons et autres appartements explosent en été dans une wilaya où le manque d'infrastructures hôtelières est criant. Mais malgré le sens d'hospitalité et le fait qu'ils soient habitués à voir défiler des touristes venus de partout, les Mostaganémois n'hésitent pas à exprimer leur exacerbation. A l'image de ce vieux de Sidi Ali, qui n'arrive pas à comprendre pourquoi la tasse de café lui revient plus cher que d'habitude et reproche au serveur de le traiter comme les estivants de passage. « Tout devient cher en été. On dirait que les commerçants n'attendaient que ça. Faut-il qu'on se mette tous à louer nos maisons et qu'on aille vivre ailleurs, le temps d'un été ? », renchérit un autre. En plus de la flambée des prix, l'autre phénomène constaté sur place est la ruée vers les constructions situées en bord de mer. Des constructions destinées quasi exclusivement à la location, et vu que la demande dépasse l'offre, cela rapporte gros. Cette frénésie urbanistique devrait être contrôlée au risque de voir des pans entiers du littoral mostaganémois envahis par le béton, comme c'est le cas dans d'autres wilayas côtières.