« Nous avons le meilleur joueur du monde, qui va mettre quatre buts contre la Real Sociedad et qui n'en touche pas une quand il vient ici. Ceux qui disent qu'il faut protéger Messi commencent à me casser les... Messi, il faut le traiter comme tout joueur qui porte le maillot de la sélection, qu'il soit bon ou mauvais », avait donné le ton Maradona un an plus tôt, visiblement agacé du traitement de faveur réservé à la star de son pays. Il faut dire que si Maradona traîne un grand nombre de casseroles, il a surtout une Coupe du Monde sur son étagère que Messi n'a pu qu'apercevoir les yeux remplis de larmes. Et l'ancien roi de Naples n'est pas peu fier de rappeler à qui veut bien l'entendre qu'il a su gagner avec l'Albiceleste ce que l'héritier de son n°10 n'a jamais récolté, les honneurs au pays. « C'est une bonne personne, mais il n'a pas de personnalité. Il n'a pas la personnalité pour être un leader », avait d'ailleurs commenté en juin dernier celui qui n'avait été autre que le capitaine de sa sélection lors du sacre mondial en 1986. Car si Maradona a toujours concédé que Messi était l'un des meilleurs joueurs du monde – en club –, il n'a toutefois jamais réussi à cacher son agacement devant le manque de leadership de son successeur tout désigné, incapable de ramener son pays vers ses heures glorieuses. Après la finale de la Coupe du Monde 2014 perdue, et celle de la Copa America en 2015 de nouveau ratée, Maradona avait d'ailleurs prévenu Messi pour l'édition 2016, n'allégeant pas la pression sur ses épaules : « Si nous perdons, qu'ils ne rentrent pas ! » Résultat, Messi a écouté le grand manitou argentin, et au terme d'une troisième et ultime défaite en finale d'une compétition internationale (Copa America 2016), ni une ni deux, il a proclamé sa retraite internationale. Pourtant, El Pibe de Oro ne s'y attendait visiblement pas, et a décidé de retourner sa veste dans la foulée dans le quotidien local, La Nacion : « Messi doit rester dans la sélection, il faut qu'il reste (...) Il doit aller en Russie pour devenir champion du monde. » Pas content, Maradona ? Il n'aura fallu qu'un petit mois et demi pour que la Pulga signe son retour en équipe d'Argentine, pour le meilleur et pour le pire. De quoi satisfaire l'égotrip de Maradona ? Pas vraiment, puisqu'il a fini par renvoyer un petit tacle au joueur de 29 ans : « Messi s'est mis en colère pour rien ce soir-là. Pourquoi a-t-il renoncé à la sélection à ce moment-là ? Il est revenu sur sa décision depuis mais il a fait pleurer beaucoup de personnes en Argentine. J'espère au moins qu'il se rend compte qu'il a fait souffrir les Argentins, en plus de la douleur de perdre en finale. Je me demande si la décision de Messi n'était pas un stratagème pour nous faire oublier qu'il a perdu trois finales. Il a échappé à une petite torture. » Et si Maradona n'en loupe pas une pour se payer Messi, a-t-il vraiment les arguments pour le faire ? Car si au niveau des trophées internationaux, le vieux briscard n'a pas d'égal, son jeune successeur à eu cinq fois ce qu'il n'aura jamais : la plus prestigieuse des distinctions individuelles.
Diego incomparable avec la Pulga en club En club, leurs trajets sont radicalement différents aussi, même s'ils ont porté le même numéro en Catalogne. Maradona a remporté trois titres de champion au cours de sa carrière, l'un avec Boca Juniors, puis deux avec Naples, tandis que Messi a battu tous les records établis par ses prédécesseurs sous le maillot Blaugrana. Et physiquement comme moralement, le maître et l'élève n'ont rien de vraiment très comparable. Messi est petit et mince, aime les duels très techniques et servir ses coéquipiers. Maradona, lui, était plus physique, davantage buteur, et surtout grand leader. Car s'il y a bien un aspect sur lequel les deux hommes ne pourront jamais se rejoindre, c'est sur la manière de s'imposer dans un groupe et aux yeux du monde. Maradona a fait parler de lui pour ses frasques médiatiques et sur les terrains de foot, Messi fuit les journalistes mais arpente les cérémonies de remises de prix. « Les buts découlent du style. Je crois que Messi trouve peu à peu le sien mais pour l'instant, ce sont avant tout ses buts qui font la différence. Moi, j'avais mon propre style depuis le tout début. Sur ce point, on pourrait dire que je suis supérieur à Messi. Il a marqué plus de buts que moi dans sa carrière mais les miens étaient plus beaux », s'amusait à expliquer Maradona en 2015. Une chose est sûre, l'un a un égo surdimensionné, l'autre préfère laisser parler son talent.