Dans les marchés, les ruelles et même dans certaines artères commerciales, ils sont là, prêts à affûter les lames de couteau et les haches. Au marché des Trois-Horloges, à Bab El Oued, ils se livrent une concurrenc. Sur la placette du marché, ils sont sollicités par une foule de gens qui se préparent pour la fête religieuse. En tablier bleu foncé, Ahmed, ancien aiguiseur, est déjà en plein travail. Plusieurs personnes le saluent. Sa posture a attiré les anciens du quartier. Nostalgiques, ils se remémorent le décor d'antan. Le parfum particulier de l'Aïd El Adha qui se dégage de la Bazetta jusqu'au marché Nelson. L'artisan leur propose ses services pour la bagatelle de 50 DA pour le petit couteau et jusqu'à 200 DA pour le fameux couteau chinois. C'est l'occasion pour les Algériens de faire un petit lifting à leurs couteaux afin d'égorger le mouton sans le faire souffrir. Sauf que ce métier, qui se transmettait autrefois de père en fils, est en voie de disparition. Le métier de revente refait aussi surface pour être dans l'ambiance de l'Aïd. Des jeunes reconvertis en vendeurs pullulent dans les quartiers. Chacun s'est spécialisé dans un créneau bien précis. Certains vendent du charbon, d'autres proposent une gamme complète de coutellerie et d'accessoires indispensables au sacrifice. C'est au fait une occasion pour faire de bonnes affaires et où chacun s'adonne à une activité propre à l'évènement. Le le plus sollicité est celui « d'égorgeur » de mouton. Certains, ne supportant pas la vue du sang, l'odeur de la bête ou craignant de la faire souffrir, font appel au talent d'un connaisseur pour accomplir l'acte du sacrifice. L'oncle, l'ami et surtout le voisin sont principalement sollicités. Ils doivent gérer une longue liste dans leurs quartiers, mais à quel prix ? En effet, un déplacement de ce genre est rémunéré. Le prix va de 1.000 à 2.500 DA, selon la tâche à accomplir. Alors que certains se limitent juste à égorger le mouton, d'autres dépecent, nettoyent la « douara » et le « bouzelouf » et découpent la viande. Ils peuvent, ainsi, réaliser un gain de 10.000 à 15.000 DA en une matinée seulement. Ce sont les saisonniers de l'abattage. Ils commencent, très tôt dans la matinée, par la famille, avant d'aller à leurs rendez-vous. Même les bouchers qui ne travaillent pendant quelques jours trouvent un nouveau créneau. Ils ne vendent pas la viande de mouton mais se proposent de découper la carcasse. Le prix oscille entre 1.500 et 2.000 DA, voire plus dans certains cas. Découper une trentaine de moutons en une journée est une activité très rentable. La tâche est devenue un travail « d'homme ». Ce qui fait le bonheur de la gent féminine, d'habitude très sollicitée le jour du sacrifice. Désormais, elles n'ont plus à tout prévoir dans le moindre détail. Leurs principaux outils, ce sont les épices pour préparer de délicieux repas pour l'occasion.