C'est une vraie découverte puisque « aucun Algérien, même les deux célèbres historiens Attalah Dehina et Hajiyet, qui ont longuement travaillé sur Tlemcen, ne l'ont traité. Je l'ai déterré et j'ai fait une analyse économique. L'ouvrage devrait être présenté au prochain Sila », a déclaré la chercheure, lors de la présentation du livre, dans une conférence qu'elle a animée à l'invitation de l'Anep. Des chercheurs étrangers, à savoir trois Tunisiens et un Espagnol, ont travaillé sur ce traité, a-t-elle précisé. Elle a également révélé qu'elle vient d'offrir sa bibliothèque à l'Institut des sciences de l'économie de Dely Bra-him. « Malheureusement, j'ai trouvé des difficultés à accéder aux sources. J'ai sollicité une étudiante qui a fait une thèse mais cela n'a pas abouti. Par contre, j'ai trouvé une grande aide de la part de chercheurs français. J'ai décidé de m'inscrire à l'Institut de l'histoire, en vain », a-t-elle déploré en réponse à l'historien Soufi, qui lui a reproché, lors du débat, de ne pas s'étaler, dans son ouvrage, sur l'économie de l'époque. « Je n'avais pas assez de documents pour m'approfondir dans l'économie de la ville de Tlemcen de l'époque. Les archives politiques des Zianides ont disparu dans des circonstances inconnues », a-t-elle répondu. « Tlemcen, capitale musulmane. Le siècle d'or du Maghreb central » est un voyage intéressant et instructif de trois siècles dans l'histoire de Tlem-cen. « J'ai essayé de démontrer la place qu'occupait le Maghreb central à cette époque-là. Quand nous lisons les ouvrages français, nous avons l'impression que c'est le Maroc qui a tout fait au Maghreb, alors que Tlemcen a joué un rôle stratégique dans le commerce international », a-t-elle fait savoir. Dans cet ouvrage, Fatima Zohra Oufriha revient sur des symboles de Tlemcen, des figures et des monuments. Le lecteur découvre les qualités guerrières de Yaghmoracen, plutôt Ghmoracen, le vrai fondateur de la citadinité, selon l'auteure. Elle cite également Abou Hemou, comme « le roi du soleil », puis Ibn Tachfin et d'autres souverains comme El Abili, le chef de la pensée philosophique, sans ou-blier les deux saints de Tlemcen, Boumediene Chouaib El Ansari et Lalla Setti. De cette dernière, la fille de Sidi Abdelkader El Djillani, qui trône sur le plus haut sommet de Tlemcen, on n'en saura pas plus. Car aucun détail n'est donné pour mieux s'imprégner du personnage. S'agissant des monuments historiques, l'auteure cite dans son ouvrage trois « madrassa », très connues dans l'histoire de Tlemcen : la première bâtie par Abou Hamou Moussa, la deuxième « madrassa ettachfinya », une splendeur érigée par Abou Tachfin mais détruite par les Français, et la troisième nommée « El Yaagou-bia », dans laquelle de grands savants avaient enseigné, rasée elle aussi par les Français, à l'exception de la mosquée d'El Eubed de Sidi Boumediene, qui n'a pas été touchée. La chercheure a défendu, dans sa présentation, les deux frères Arroudj et Kheireddine Barberousse « qui ne sont pas des pirates ou corsaires. Ils se sont au contraire illustrés par le sauvetage des musulmans. Ils ont récupéré Alger durant la période ottomane. Les notables algérois ayant demandé à être protégés ». L'ouvrage s'imprègne aussi d'extraits d'ouvrages européens sur Tlemcen. « C'est un délice de respirer Tlemcen !, disait Augustin Berque, le père de Jacques Berque ». L'ouvrage de Fatima Oufriha est aussi un vrai délice, une découverte de plusieurs siècles.