Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) ont pris des proportions alarmantes en Algérie. Environ 50.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Et les chiffres augmenteront davantage si un plan national de lutte contre cette pathologie n'est pas mis en place à travers la création d'unités neuro-vasculaires dans toutes les structures hospitalières du pays. Hier, lors de la célébration de la Journée mondiale de l'AVC au CHU de Blida, les scientifiques ont longuement abordé les difficultés de la prise en charge des malades, dont certains décèdent et d'autres restent handicapés à vie. Tous s'accordent à dire que le facteur temps joue un grand rôle pour sauver une personne victime d'un AVC. D'où la nécessité de la mise en place d'un plateau technique dans les services des urgences pour accueillir les malades à tout moment. Les spécialistes expliquent que la majorité des victimes arrivent dans les hôpitaux deux à trois heures de retard, et en plus par leurs propres moyens de transport. Un procédé qui n'est pas à l'avantage du patient qui doit, au contraire, être transporté par ambulance pour gagner du temps et être sauvé. Ils expliquent aussi que l'admission en unité neuro-vasculaire permet de diminuer la mortalité et les risques de handicap. Cette efficacité est liée à la prise en charge pluridisciplinaire par des équipes médicales, infirmières et paramédicales spécialisées. Dans le cas d'une étude réalisée par les spécialistes du CHU de Constantine sur 366 cas, le Dr Boubekeur Seddik Fekraoui explique que ces patients (212 femmes et 154 hommes) ont été hospitalisés au niveau du service de neurologie entre 1er janvier 2003 et le 30 juin 2006. « Durant cette période, nous avons constaté que les cas d'AVC chez les adultes jeunes entre 16 et 50 ans passent de 9,69% à 15,92% de l'ensemble des personnes atteintes d'AVC », a déclaré le neurologue. Selon le professeur Mohamed Arezki, responsable du service de neurologie au CHU de Blida, il est urgent que les unités neuro-vasculaires soient multipliées à travers toutes les structures sanitaires qui devront être équipées d'un simple scanner et la présence d'un neurologue et d'un radiologue pour limiter cette pathologie dont la mortalité accroît d'année en année. Il a plaidé, à ce propos, pour la création dans tous les hôpitaux d'unités de prise en charge de l'AVC, car le pays compte « seulement six unités du genre à Blida, Oran, Sétif, Constantine et Alger ». « Il faut créer ces unités pour pouvoir prendre en charge les malades », a indiqué le professeur qui considère que la tutelle doit imposer l'ouverture de ce genre d'unités par circulaire. Lors des débats, certains participants ont estimé qu'il ne s'agit pas d'un manque de volonté. D'autres ont évoqué le problème des indemnités qui ne sont pas accordées pour pouvoir assurer la garde 24 heures sur 24 dans les services de neurologie. « Il est inconcevable qu'il n'ait pas de neurologue dans un service de neurologie après 16h. La garde doit être assurée 24 heures sur 24 pour pouvoir accueillir les malades », fait remarquer le professeur Arezki. Dans son intervention, Mohamed El Hadj, directeur général des services de santé au ministère de la Santé, a présenté le programme national de lutte contre cette pathologie, basé surtout sur la sensibilisation des citoyens quant au caractère brutal de l'arrêt de l'irrigation sanguine du cerveau. Et qui entraîne une privation d'oxygène dans les zones touchées. Il s'agit d'une urgence médicale qui peut être fatale. Dans la moitié des cas, il entraîne des séquelles d'autant plus invalidantes que la prise en charge aura été effectuée tardivement. Enfin, des recommandations seront adoptées et transmises avant le mois de décembre prochain au ministère pour la mise en œuvre du plan national pour la prise en charge des accidents cérébraux.