Résumé de la 3e partie n Alors que Sheila attend miss Pebmarsh dans le petit salon, elle est pétrifiée par la découverte d'un homme mort… Comme dirait la police, le 9 septembre, à 14 h 59, je marchais dans la direction Ouest, le long de Wilbraham Crescent. C'était la première fois que j'y venais et franchement Wilbraham Crescent me déroutait complètement. J'étais en train de vérifier une de mes intuitions - avec d'autant plus d'acharne-ment qu'elle s'avérait moins fondée. Mais c'est moi tout craché, ça. En quête du numéro 61 - existait-il seulement ? - je venais de remonter consciencieusement du numéro 1 au numéro 28, où Wilbraham Crescent s'interrompait brusquement, coupé par une large artère au nom sans équivoque d'Albany Road. Je rebroussai chemin. En bordure du trottoir nord, il n'y avait qu'un mur derrière lequel d'énormes bloc modernes projetaient vers le ciel leurs étages d'appartement, auxquels on devait certainement avoir accès par une autre rue. Donc, de ce côté-là, aucun espoir. Sur mon passage, je contrôlais les numéros 24, 23, 22, 21 - Diana Lodge - le 21 sans doute avec un chat roux en train de faire sa toilette sur un pilier de sa grille, le 19... La porte du 19 s'ouvrait et, jaillissant telle une bombe dans un hurlement suraigu, inhumain, qui parachevait cette ressemblance, une jeune fille fonçait dans l'allée. Elle passa la grille, me heurta si violemment que je faillis tomber, puis s'agrippa à moi avec désespoir. — Allons, dis-je en retrouvant mon équilibre. Du calme, voyons, du calme. Elle se calmait, s'arrêtait de crier, le souffle court, brisé de sanglots. On ne peut pas dire que je me sois montré vraiment à la hauteur des circonstances. — Avez-vous des ennuis ? demandai-je. (Puis, devant la maladresse d'une telle phrase, j'ajoutai :) Que se passe-t-il ? Reprenant haleine, la jeune fille tendit le doigt : — Là, dit-elle, là-dedans... — Eh bien ? — Il y a un homme par terre.., mort... elle lui a presque marché dessus. — Qui ça ? Pourquoi ? — Parce qu'elle est aveugle, je crois. Lui, il est couvert de sang. Et baissant les yeux sur ses mains, elle me lâcha. — Et moi aussi, je suis pleine de sang, ajouta-t-elle. — En effet, constatai-je, considérant les taches sur ma manche avec un soupir. Moi également, maintenant. (Puis, après réflexion :) Je crois que vous feriez mieux de me faire voir tout ça. — Non, non, je ne peux pas... je n'irai plus dans cette maison. — Vous n'avez peut-être pas tort, dis-je cherchant des yeux un endroit propice où déposer cette jeune personne à moitié évanouie. Après l'avoir laissée glisser doucement sur le trottoir, je l'adossai à la grille. — Ne bougez pas jusqu'à mon retour, ça ne sera pas long. Vous ne risquez rien. Si vous avez un malaise, penchez-vous, posez la tête sur les genoux. — Je me sens mieux, beaucoup mieux maintenant. (à suivre...)