Défiance L?industrie des vêtements dans le tiers-monde est très surveillée. Certains produits pourraient être source de maladies dangereuses. De simples vêtements anodins peuvent-ils être source de pathologies aussi bénignes que l?allergie et même aussi dangereuses que le cancer de la peau ou de la vessie ? Depuis quelque temps, mondialisation et délocalisation obligent, des bruits et des «soupçons» de ce genre sont portés contre un segment de l?industrie des textiles et du prêt-à-porter venus d?ailleurs et vendus sur le marché algérien. Certains vêtements (pantalons jeans, jupes et blousons) seraient cancérigènes, sinon fortement allergènes. Fabriqués essentiellement dans certains pays du tiers-monde, dans des ateliers et des manufactures informels du vêtement, ces habits sont paradoxalement souvent présentés comme étant à la mode et dernier cri. Rumeurs et chuchotements Quelle est la part de vérité dans ces suspicions qui pourraient devenir des risques potentiels de maladies pour les consommateurs et un problème de santé publique pour le pays ? D?abord, il semble que même l?Organisation mondiale de la santé (OMS) aurait rendu publique récemment une étude sur le sujet, vite prise comme référence par certains médias d?outre-mer. Cette inattendue médiatisation a rapidement dissuadé les consommateurs français d?acheter ces produits, notamment, ceux en provenance de Turquie ou nombre d?entreprises européennes du textile se seraient installées ces dernières années dans le cadre de la délocalisation et de la recherche du faible coût de la main-d??uvre. Toutefois, malgré tous nos efforts, nous n?avons pu obtenir une copie de ce document. Contacté, le bureau de l?OMS à Alger n?était pas en mesure de confirmer l?existence de l?étude, et a même pris en compte l?hypothèse que cette dernière «pourrait être une source n?émanant pas directement de l?OMS». Cela dit, qu?en est-il en Algérie, où beaucoup de lieux de vente et des marchés sont directement ou indirectement approvisionnés auprès de fournisseurs turcs via des trabendistes locaux qui ramènent au pays ces vêtements (principalement des jeans contrefaits, ou sinon loin des normes de fabrication universellement admises)? Un petit tour aux magasins de vente de ces produits et un bref bavardage avec leurs vendeurs ne nous ont pas permis de lever le voile sur la question. Pour eux, tout est normal et leur chiffre d?affaires n?a jamais baissé en dépit de ce genre de rumeurs. Il faut savoir, en outre, que souvent ce type d?études n?incrimine pas le textile lui-même, mais bien les différentes phases du processus de fabrication du vêtement et de sa finition. Autrement dit, ce sont les produits chimiques utilisés (colorants azoïques surtout) qui seraient la source, sinon la cause de ces potentiels cancers cutanés et de la vessie et de nombreuses autres allergies de la peau. Un problème de santé publique Premier concerné, premier contacté pour ce problème atypique de santé publique, le ministère de la Santé et de la Population. A la question de savoir si ces suspicions sont réelles et effectives, le Dr Djamel- Eddine Oulman, sous-directeur de la communication, nous a affirmé que «le contrôle sanitaire des produits (pharmaceutiques et autres) se fait automatiquement par les différents laboratoires dépendant du secteur». Pour plus d?informations sur le thème qui nous concerne, il nous a orientés vers le ministère du Commerce et notamment la sous-direction du contrôle de la qualité des produits chargée, selon lui, de gérer ce genre de problèmes. Rachid Ahmed, responsable de ce service, considère qu?en tant qu?«organisme intermédiaire et de liaison de tous les laboratoires d?analyse des 48 wilayas du pays, il dispose d?un arsenal pouvant lui permettre de traiter ce genre de problèmes». «Il suffit d?un échantillon». «Bulletin d?analyse et fiche d?alerte sont tout de suite établis pour le produit incriminé», précise-t-il . En tout cas, selon lui, et s?agissant de la procédure officielle de contrôle, «les inspections du contrôle de la qualité aux frontières passent à l?action dès qu?un produit est suspecté directement ou si on a des doutes sur ces documents». Quant aux produits qui échappent à ce maillage (cabas et valises des trabendistes), Rachid Ahmed a martelé que «le contrôle se fait après constatation d?une anomalie sur le terrain», sollicitant au passage l?aide des associations de consommateurs qui, l?année dernière, ont reçu de la tutelle, une subvention de 20 millions de dinars.