Résumé de la 4e partie n Pour combler Yvonne, Luciano accepte l'offre de Bertucelli il pilote la bande sur les lieux des hold-up et devient un gangster… Au début des années 60, Luciano est désormais une vedette dans la presse italienne spécialisée dans les affaires criminelles car c'est lui qu'on prend pour le chef de la bande, sans doute parce qu'il conduit les voitures. On dit qu'il emporte sa mitraillette dans un étui à violon, comme les gangsters de Chicago des années 30 et on le surnomme le «soliste à la mitraillette», alors que lui-même n'a jamais tiré. Un peu puérilement, il faut le dire, il en est fier. Il s'imagine être un héros. Il a envie de retourner dans les rues de Milan pour voir la tête que feraient, en le rencontrant, les gamins qui, autrefois, le poursuivaient en criant «Eh, la fille !» Et il a ce qu'il voulait : de l'argent, des robes, des bijoux pour Yvonne, dont il est de plus en plus amoureux. Pourtant, ce n'est pas Luciano qui dirige la bande, mais Bertucelli, Monsieur Aimé, le chef incontesté, même s'il n'a pris part personnellement à aucune des expéditions. Fin 1963, celui-ci estime que l'équipe commence à être un peu trop repérée en Italie et décide d'opérer en France. En France, la bande de Bertucelli, que la presse après la presse italienne appelle la «bande de Lutring», recommence ses hold-up. La photo de Luciano s'étale dans les journaux. On parle même d'ennemi public numéro un. Dans tous les commissariats français, son signalement est affiché et Interpol le recherche activement pour ses activités en Italie... Dans l'immeuble de la rue Louis-le-Grand, à Paris, tout près des Grands Boulevards, la lumière vient brutalement de s'allumer. Luciano Lutring voit les policiers se précipiter l'arme au poing, puis se pencher sur lui. Ce sont donc eux qui sont arrivés les premiers, et non la mort. Mais dans le fond, il s'en moque. Transporté d'urgence à l'hôpital, Luciano est sauvé de justesse. Par la suite, il doit attendre l'année 1970 pour passer en jugement. Ce très long délai est dû à des problèmes juridiques entre la France et l'Italie, qui a demandé son extradition et entend le juger la première, et à une tentative de suicide de l'intéressé. Mais c'est la France qui obtient de le juger d'abord et il se retrouve devant la cour d'assises de Paris, le 6 février 1970. Les nombreux journalistes qui se pressent dans la salle se rendent immédiatement compte que celui qui est dans le box, malgré les surnoms dont on l'a affublé, le «soliste à la mitraillette», le «Panini du crime», n'a rien à voir avec les gangsters de Chicago ou les tueurs de la Mafia. C'est un bel homme d'une trentaine d'années au visage soigné et avenant, auquel sa magnifique chevelure rousse donne un éclat particulier. De plus, durant son interminable séjour à la Santé, grâce au soutien d'Yvonne, qui est toujours restée à ses côtés, il s'est totalement transformé. Il s'est mis à écrire avec un réel talent et ses livres ont été des succès en Italie : Le Soliste à la mitraillette, Defense illégitime et L'assassin ne chôme pas. Il les a d'ailleurs fait parvenir au président des assises, M. Braunschweig, et ce dernier l'en remercie aimablement une fois achevé l'interrogatoire d'identité. (à suivre...)