Constat n Le secteur privé doit jouer son rôle dans le développement du 7e art, comme il l'a fait dans l'industrie des feuilletons télévisés qui font un tabac dans le monde arabe. Selon les professionnels en effet, le secteur privé est le grand absent du cinéma. «La balle est dans leur camp», estime Mohammad al-Ahmad, le directeur de l'Organisation nationale du cinéma (ONC), un organisme public, assurant que de nombreuses mesures ont été prises pour inciter le privé à s'intéresser au cinéma. «L'ONC est le seul organisme qui produise les films, de A à Z. La promotion du cinéma en Syrie relève désormais du secteur privé car l'Etat a fait le maximum», indique-t-il invitant le privé à investir dans les films «comme il l'a fait pour les feuilletons télévisés». Une cinquantaine de feuilletons télévisés sont produits par le secteur privé chaque année, contre deux lorsque l'autorité publique chargée de la Radio et de la Télévision présidait à leurs destinées, explique M. Ahmad. Les feuilletons télévisés syriens connaissent un large succès dans le monde arabe, alors que l'Etat est mis en cause dans la mort du cinéma national. Depuis sa création en 1963, l'ONC, affilié au ministère de la Culture, produit deux longs métrages et quelques documentaires par an. Il organise également le Festival annuel du cinéma de Damas. Selon M. Ahmad, un long métrage coûte entre 400 000 et 600 000 dollars et un documentaire entre 20 000 et 30 000 dollars. L'Etat a prévu des exemptions d'impôts sur cinq ans afin d'encourager les réalisateurs et les propriétaires de salles de cinéma à acheter du nouveau matériel, à importer des films et à construire des salles, souligne-t-il. «Malgré toutes ces facilités, le secteur privé n'a pas bougé. Il faut arrêter de faire des reproches à l'Etat», souligne-t-il. L'année dernière, un complexe comprenant deux cinémas, des restaurants et une librairie, baptisé Cinema City, a été inauguré à Damas. Il s'agissait de la première ouverture de salle depuis 1985 dans la capitale, qui ne compte qu'une dizaine de cinémas pour quatre millions d'habitants. Dans un pays de 22 millions d'habitants, le nombre de salles est tombé de 158 en 1964 à 36 actuellement. Haitham Hakki, un réalisateur connu, est favorable à un partenariat public/privé mais appelle aussi à la fin de la censure. «Il est vrai que le secteur privé doit travailler plus, mais l'Etat doit aussi le soutenir et réduire la censure», explique-t-il. Selon lui, l'ONC a besoin de davantage de fonds. «Si l'ONC recevait trois millions de dollars, il pourrait aider le secteur privé à produire cinq films par an», dit-il.