Constat n Pour un premier Mondial en terre africaine et avec six représentants pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du Monde, le football du continent noir frôle déjà le naufrage. Ayant misé au départ sur au moins quatre qualifiés pour le deuxième tour avec comme potentiels favoris les habitués du grand rendez-vous, à savoir le Cameroun, le Nigeria mais aussi les grosses cylindrées comme la Côte d'Ivoire avec sa pléiade de stars et le Ghana avec son réservoir de jeunes qui ont connu la consécration mondiale chez les U20, l'Afrique est sur le chemin de la désillusion. En effet, l'échec a été entamé par l'équipe des Lions indomptables qui, nous ayant habitués à nettement mieux lors des précédentes éditions, a été écartée de la course prématurément après deux revers face respectivement au Japon et au Danemark. Tiraillés par la guerre des clans au sein du groupe et affaiblis par un sélectionneur, Le Guen, qui ne fait plus l'unanimité en sélection, Eto'o et compagnie n'ont pas été à la hauteur des attentes des Africains en général et des Camerounais, au point de soulever un vent de contestation des anciennes gloires, à l'image de Roger Milla, Antoine Bell et autre Patrick M'boma. Là où on les attendait le plus, les Lions n'ont pas rugi et leur piètre prestation nous a rappelé étrangement le Mondial 94 lorsque les coéquipiers du jeune Rigobert Song, âgé de 18 ans, avaient affiché une image terne. L'autre grosse déception est incontestablement la sélection du Nigeria qui n'arrive plus à se hisser et à produire ce football spectaculaire et efficace. Les Super Eagles ont beaucoup perdu de leur aura, de leur style et de leur solidarité. Depuis le départ à la retraite du dernier des Mohicans, Jay Jay Okocha, le Nigeria n'arrive pas à lui trouver un successeur. Ayant beaucoup misé sur le sociétaire de Chelsea, Obi Mikel, pour tenter de jouer les trouble-fêtes ; malheureusement, le forfait pour cause de blessure de celui sur qui reposaient les espoirs de tout un peuple, a changé considérablement la donne. En dépit de la présence de quelques individualités de qualité menées par l'inusable Kanu, le Nigeria s'est contenté de participer pour participer en concédant deux défaites face à l'Argentine de Maradona et aux Grecs de Rehagel. Le troisième représentant africain à avoir quitté la scène est l'Afrique du Sud qui sort néanmoins avec les honneurs après une victoire sur la France (2-1), hier, un nul face au Mexique (1-1) et un cinglant revers (0-3) face au leader du groupe A, l'Uruguay. Sur le plan des résultats, l'Afrique du Sud a réalisé la triste performance de devenir le premier pays organisateur de la Coupe du monde à ne pas se qualifier au deuxième tour. Il aura tout de même le mérite d'avoir réussi son pari sur le plan organisationnel et aura aussi fait découvrir au monde entier le bruit strident des désormais célèbres vuvuzelas. Restent dans la course, l'Algérie, le Ghana et la Côte d'Ivoire qui gardent tous les trois des chances de qualification. Les Verts, qui affrontent cet après-midi (à partir de 15h) les Etats-Unis, ont la possibilité de réussir une performance historique pour le football algérien en accédant au second tour alors que les Black Stars défieront ce soir les rugueux Allemands en quête de rachat et de la première place après avoir essuyé un revers surprenant face à la Serbie. Cette dernière avait d'ailleurs mordu la poussière devant les jeunes Ghanéens privés de leur star, Essien. Toutefois, les hommes de Rajvac ont laissé passer une chance d'assurer leur billet dès le deuxième match face à l'Australie qui les avaient tenus en échec alors qu'ils étaient en infériorité numérique. Le sixième représentant, la Côte d'Ivoire, après un premier match satisfaisant face aux très techniques Portugais de Ronaldo, les coéquipiers de Drogba sont passés à côté face au Brésil. Ajouter à cela que la mission des Ivoiriens se complique encore suite à la large victoire (7-0) de l'autre concurrent, le Portugal, face aux Coréens. C'est dire que la tâche des Eléphants est presque impossible sachant qu'en cas de courte défaite du Portugal face à la Seleçao, Kalou, Touré, Keita et autre Drogba devront inscrire environ une dizaine de buts face à la Corée du Nord ! Cela dit, on croise les doigts pour le reste des représentants dans l'espoir de voir au moins une équipe sauver l'honneur de l'Afrique. La dépendance Drogba et Eto'o, ce n'est pas tout Les sélections africaines sont trop souvent sur-cotées car elles sont vues à travers le prisme déformant de leurs très grandes stars. Didier Drogba et Samuel Eto'o, capitaines de la Côte d'Ivoire et du Cameroun, sont des buteurs de calibre mondial, mais la majorité de leurs coéquipiers ne sont pas du même niveau. Les prétendants au titre comme le Brésil, l'Argentine ou l'Angleterre alignent 10 à 15 joueurs de cette trempe et en ont même laissé à la maison (Ronaldinho, Cambiasso...). Les sélections africaines complètent leur liste des 23 en puisant jusque dans les 2es divisions européennes. Et le Nigeria et le Ghana ont dû venir sans leurs stars blessées, John Obi Mikel et Michael Essien. Le potentiel Les Verts ont mieux travaillé L'Algérie est l'une des équipes qui a le mieux travaillé et elle peut encore se qualifier à condition de battre les Etats-Unis cet après-midi. La Fédération algérienne a maintenu sa confiance au sélectionneur dans la tempête des matches de préparation ratés, quand le Nigeria a recruté le sien (Lars Lägerback) le 28 février et la Côte d'Ivoire (Sven Goran Eriksson, un autre Suédois) le 30 mars. Les Camerounais, respectant un indécrottable défaut des «Lions indomptables», se sont disputés entre eux jusqu'aux heures qui ont précédé le premier match et ont court-circuité leur sélectionneur, Paul Le Guen, en n'appliquant pas ce qu'il avait prévu. L'autre équipe qui s'est organisée le plus rationnellement : le Ghana. Les Black Stars ont progressivement intégré quelques champions du monde des moins de 20 ans dans leur équipe. Or, il faut résister à l'Allemagne pour passer et sauver le bilan africain. Le ratage Le Nigeria, le Cameroun et la Côte d'Ivoire déçoivent Les jugements trop optimistes sur les équipes africaines ont pu aveugler sur leur réel potentiel. Une grande unanimité, portée par un courant de sympathie, souhaitait voir une de ces équipes dans le dernier carré pour la première fois en Coupe du monde. Le Nigeria visait les demies et la Côte d'Ivoire et le Cameroun se voyaient même en vainqueur final. Quant à l'Afrique du Sud, elle était couvée par son public mais son niveau trop juste l'a logiquement rattrapé. S'il est légitime de viser le plus haut possible, il convient d'aborder la compétition avec des objectifs réalistes. Plus sage, le sélectionneur algérien a martelé avant et pendant la Coupe du monde : «Nous sommes là pour apprendre, l'équipe est en construction, l'objectif est le Mondial-2014».
