Résumé de la 139e partie n Petiot est libéré contre une rançon versée aux agents de la Gestapo. Pendant son séjour en prison, son frère a déménagé des valises. Petiot retourne chez lui où il retrouve sa femme et son fils. Il n'y reste que le temps de se reposer un peu, puis il se rend à Auxerre. De là, il rejoint les Neuhausen, qui lui offrent l'hospitalité dans leur grande maison. Cependant, il n'y reste que deux semaines puisqu'au mois de février on le retrouve de nouveau à Paris. Il retourne à la maison de la rue Le Sueur, et le 8 février il écrit à son frère Maurice pour lui envoyer d'Auxerre deux cents kilogrammes de chaux vive, produit que l'on ne trouve pas à Paris. Le 20 février, il reçoit ce qu'il a demandé, mais en double : quatre cents kilos. Maurice avait-il jugé que la quantité demandée par son frère était insuffisante et qu'il allait avoir besoin du double ? Cela ne signifie-t-il pas, contrairement à ce qu'il allait affirmer, qu'il était au courant de ce qu'il y avait dans la maison de la rue Le Sueur ? Le 11 mars 1944, c'est la découverte macabre par la police du charnier de la rue Le Sueur. On se rappelle que le docteur Petiot, se faisant passer pour son frère, a bluffé la police. Depuis, il a quitté son domicile et on ne l'a plus revu. Le commissaire Georges Massu, de la PJ de Paris, a reçu un ordre de ses supérieurs : ordre émanant des forces d'occupation d'arrêter au plus vite Petiot soupçonné non seulement d'être un tueur en série mais aussi un résistant. Et apparemment c'est cette dernière qualité qui semble intéresser le plus les Allemands. Le commissaire s'est rendu, à la tête d'un bataillon de policiers, à la rue Caumartin, où habite Petiot, mais il a trouvé la maison vide : le médecin ainsi que sa femme et son fils ont disparu. Les voisins les ont vus partir précipitamment la veille. Des avis de recherche sont placardés par les allemands : Petiot est recherché, mort ou vif. La rue réagit aussitôt à la nouvelle : si certains partagent l'avis que Petiot est un dangereux criminel qu'il faut arrêter, d'autres pensent que si les Allemands veulent le mettre hors d'état de nuire c'est parce qu'il est un résistant. L'information selon laquelle sa maison regorge de cadavres n'est qu'un coup monté de la Gestapo et de leurs collaborateurs français pour le faire arrêter. «Au contraire, entend-on dire, il faut le protéger, ne pas le dénoncer à l'ennemi !» Alors que la rue s'interrogeait, le médecin légal, dépêché par la police sur les lieux, a établi son rapport : les restes de dix victimes au moins ont été retrouvés, ainsi que plusieurs livres d'os calcinés et de fragments d'os, de cheveux humains et de cuirs chevelus ou scalps ! autant de cadavres supplémentaires, à ceux qui ont été dénombrés, ont été aussi découverts. S'agit-il de corps de nazis ou de collaborateurs, comme le bruit court à Paris ou alors des candidats à l'évasion que le médecin a assassinés pour les dépouiller de leur argent et de leurs objets précieux ? On ne peut rien avancer pour l'instant, les corps n'étant pas identifiés. Les journaux parisiens, acquis aux allemands, traitent abondamment l'affaire de celui qu'on appelle «le plus grand criminel du siècle». Un criminel en relation avec la Résistance, décrite comme «une organisation de meurtriers assoiffés du sang des innocents». On s'étale sur la découverte macabre de la rue Le Sueur, on évalue à plusieurs dizaines le nombre de victimes, sans que le bilan soit définitif. «Le docteur agissait au nom de la Résistance, qui lui envoyait ses victimes. Il les massacrait et récupérait leur argent et leurs biens.» (à suivre...)