Expression n Les planches du Théâtre national ont vibré, hier, aux rythmes des pas de danseurs lors d'une performance chorégraphique signée Sofiane Abou Lagraâ. Cette création qui a pour titre Nya, s'est articulée en deux temps : la première partie s'est déroulée sur Le Boléro de Maurice Ravel. C'est une fusion entre le moderne et le classique. Les danseurs ont exécuté des figures hip-hop sur des airs classiques, tandis que la seconde partie s'est caractérisée par des figures au rythme des chants des Aurès de Houria Aïchi. Deux registres, deux imaginaires différents et donc deux sensibilités faisant référence chacune à une esthétique, voire à une poétique faisant état du corps en mouvement et dans son expressivité tantôt feutrée tantôt exubérante. La création se veut une performance contemporaine, une inspiration directe du corps qui va, d'un lieu à l'autre, investissant par des pas à la fois recherchés et instantanés, l'espace, évoluant avec autant d'entrain, de mesure que de naturel. Ils dansent : ils composent le pas, créent le geste, le mouvement, le dépouillant de son artifice, ne gardant que son aspect originel. Beauté et pureté sont conjuguées au mode de la sensualité et dans un langage viril. Sensualité et virilité confèrent au jeu corporel, soutenu et aérien, fluide, affranchi et aisé, une dynamique saisissante par laquelle est créé un univers à forte charge émotionnelle. L'expression est telle, forte et démonstrative, que la réalité qui nous entoure et nous enveloppe dans son habit étriqué, se confond avec le rêve : le réalisme s'estompe derrière un lyrisme, plutôt un onirisme fait de tendresse ou de sagesse comme de rudesse ou de férocité. Le geste est formidable. Le pas est approprié. Le jeu s'est révélé en soi un pur moment de plaisir. Un rêve simplement. Un poème écrit dans un mouvement corporel. Le tout est rendu spectaculaire – et sensible – grâce au choix musical et vocal ayant admirablement et judicieusement accompagné chacune des performances. Le jeu s'est révélé également un instant de divertissements et aussi de réflexion sur le corps, c'est-à-dire sa place dans l'espace scénique et ce qu'il peut générer comme émotion. Nya est un spectacle chorégraphique signé par Sofiane Abou Lagraâ. Ce spectacle conçu en direction des jeunes danseurs algériens se veut un lieu de formation dans le domaine de la création chorégraphique contemporaine. Et c'est aussi une manière de développer l'art de la danse contemporaine en Algérie. Ce spectacle sera présenté à Lyon, à l'occasion de la biennale de la danse du 26 septembre au 2 octobre 2010, avant de sillonner la France et d'entamer, ensuite, une tournée européenne. Yacine Idjer
