Sidi Ali tire de sa musette son Coran. Un vieux livre vénérable, à la couverture en peau d'agneau et aux feuilles cousues. «Au nom de Dieu, le Clément Miséricordieux...», commence-t-il. La nature, naguère secouée de petits bruits, se tait comme pour écouter la voix qui psalmodie les saints versets... Ne dit-on pas que les oiseaux, les arbres, les montagnes, les bêtes et toute la nature sont à l'écoute de la parole divine ? Tout ce qui vit s'associe pour rendre hommage au Sublime Créateur ? Cette lecture, c'est l'un des moments favoris de Sidi Ali… Puis l'heure de la prière arrive et Sidi Ali l'accomplit. Il aurait lu jusqu'au matin le Saint Livre, mais il doit se reposer pour pouvoir reprendre son chemin le lendemain : un chemin très long, puisqu'il doit se rendre en pèlerinage à La Mecque. Il s'apprête à prendre place dans le tronc du figuier quand il entend des aboiements. Des chiens : cela signifie qu'il y a une présence humaine dans les environs, sans doute des nomades qui bivouaquent pour la nuit. Il se redresse aussitôt et entreprend d'aller dans la direction des cris. Il ne tarde pas à apercevoir, à quelques centaines de mètres de son figuier, le scintillement d'un feu. Il ne s'est pas trompé, il s'agit bien d'un bivouac.