Usure n Frappés d'une usité avancée, les billets de deux cents dinars sont parfois méconnaissables. Ils sont souvent découpés en deux parties et collés au ruban adhésif horizontalement et verticalement jusqu'à, dans la plupart des cas, effacer même… leur valeur (200 DA) ou leur numéro de série. Cela concerne la quasi-totalité des billets, qui sont communément appelés les billets «de friperie», en référence à leur état. Emis au début des années 80, d'un papier facilement froissable, ces billets sont rarement remplacés et continuent à circuler dans un état lamentable. «C'est l'image du pays qui est ternie ! Un billet représente l'un des symboles de souveraineté et il doit, de ce fait, être propre. Mais malheureusement, chez nous, un billet où est dessiné le monument symbolisant les martyrs est abîmé, sale, terni…», se désolent des citoyens interrogés. D'ailleurs, le billet de 200 DA ne cesse de provoquer des commentaires. Chacun y va de son idée pour donner une explication à cette situation. «Billet de la honte», «Billet de misérables», «Billet de vendeurs de sardines», «Billet à l'image de la société»… Certains commerçants se trouvent gênés lorsqu'ils rendent ces billets aux clients qui refusent parfois de les prendre. «A plusieurs reprises, les clients préfèrent prendre les pièces de 100 DA au lieu des billets de 200 DA. Je leur explique que j'ai besoin de la monnaie, mais ils campent sur leurs positions. On m'incrimine, comme si j'étais responsable de cette situation», se plaint Rabah, commerçant à la rue de Tanger (Alger). En octobre 2008, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, avait promis, devant l'APN, une opération de régénération de ces billets. «Le billet de 200DA fera sa toilette pour être flambant neuf dans quelques mois, en vue de faciliter son utilisation dans les DAB», avait-il annoncé. Plus de deux ans plus tard, les billets usagés continuent de circuler ! Certes, ces derniers mois des petits billets de même valeur ont apparu sur le marché, mais la quantité est largement insuffisante. «Les promesses dans ce pays n'ont jamais été tenues. C'est devenu une règle chez nous : quand les responsables promettent de faire quelque chose, il faut s'attendre au contraire. L'histoire des billets de 200 DA est la même que celle du métro d'Alger. On commençait à en parler depuis des années, mais la concrétisation de ces projets semble renvoyée aux calendes grecques», regrette un autre commerçant. Même les simples citoyens cherchent à se débarrasser le plus vite possible de ces billets. Ils ont tendance à acheter de petites choses (cigarettes, chewing-gums, chocolat…) rien que pour «éjecter» les billets de 200 dinars. «Non seulement, ce billet ne sert pas à grand-chose, puisqu'on ne peut faire presque rien avec 200 dinars, mais aussi il est en mauvais état. Il vaut mieux le supprimer carrément», commente le propriétaire d'un kiosque. Une chose est certaine : pour des billets de qualité, il faudra encore attendre…