Nous y voilà ! Davantage que nos estomacs, qui leur servent de prétexte, les fabricants de certaines marques étrangères de petits pois et de pois chiches en conserve cherchent avant tout à préserver leur business. A titre d'exemple, une marque de petits pois néerlandaise et une autre de Shanghaï «décorent» une multitude d'étals à travers plusieurs artères de la capitale et ailleurs. Selon un fabricant local du même produit, «les petits pois et les pois chiches en conserve importés contiennent des alginates et de l'amidon qui permettent de faire absorber 20% d'eau de plus à ces produits alimentaires». Le consommateur est donc grugé, puisqu'il achète en fait de l'eau au prix du kilo de petits pois et de pois chiches. A ce sujet, au niveau du ministère du Commerce, il est reconnu que «certaines lois protègent davantage le secteur économique que le consommateur», reconnaît un contrôleur des fraudes. Le risque de mise à mal n'est pas négligeable sur d'autres produits. Prenons l'exemple des crèmes glacées qui, en Algérie, doivent être exclusivement fabriquées avec du lait. Beaucoup de fabricants, eux, prennent la liberté d'utiliser des matières grasses végétales. Le même cas se pose pour les chocolats. Avec d'un côté du chocolat «pur», à base de beurre de cacao et de produit laitier. Et de l'autre, l'inflexible tablette contrefaite portant le même label. Les spécialistes de la contrefaçon ajoutent au produit des matières grasses végétales moins chères que le cacao. Par ailleurs, notre pays défend farouchement la composition des pâtes alimentaires qui ne doivent être fabriquées qu'avec du blé dur. Certaines marques sur le marché sont malheureusement fabriquées avec du blé tendre. Résultat des courses : «Il s'agit de pâtes alimentaires impropres à la consommation qui coûtent certes un peu moins cher, mais qui ont l'inconvénient de coller dans la casserole», reconnaît le cuisinier d'un hôtel de la capitale. Enfin, notre pays ne veut pas entendre parler de vinaigre d'alcool, mais parallèlement, des «chimistes» accordent la même appellation à du vinaigre synthétique, qui est cinq fois moins cher en coût de revient. La planche de salut Comment se protéger, malgré tout, des usurpateurs abusifs ? «La seule planche de salut, c'est un croche-pied comme celui qu'on donne à la fausse monnaie qui chasse la bonne», ajoute notre interlocuteur. Entretemps, devant les rayonnages, les consommateurs sont frappés de strabisme. Chaque produit a son double en moins cher, et le verdict est rendu aux caisses enregistreuses de magasins. Il y a toutefois un choix à faire : entre le bon goût et mettre le prix ou la camelote… Et alors, c'est l'intoxication.