Entre-temps, Metellus, victime de rivalités politiques, était relevé de ses fonctions et remplacé par son légat et adversaire, C. Marius. Dès son arrivée en Afrique, le nouveau chef de l'armée romaine fait dans une sauvagerie encore plus grande que son prédécesseur. «Le consul, ayant complété les légions et les cohortes auxiliaires, marche vers un pays fertile et riche. Tout ce qui est pris, il l'abandonne aux soldats. Il assiège ensuite des châteaux et des villes mal défendues tant par leur assiette que par leurs garnisons, et livre, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, une foule de combats, tous peu importants. Par là, les nouvelles recrues s'accoutument à se battre sans crainte ; ils voient que les fuyards sont pris ou tués ; que les plus braves courent le moins de danger ; que c'est avec les armes que l'on protège la liberté, la patrie, la famille, tous les intérêts ; qu'elles donnent la gloire et les richesses. Ainsi l'on ne distingua bientôt plus les jeunes soldats d'avec les vieux : la même valeur les animait tous. A la nouvelle de l'arrivée de Marius, les rois se retirèrent chacun de son côté dans des lieux très difficiles d'accès. Ainsi l'avait décidé Jugurtha, dans l'espoir de pouvoir attaquer bientôt les Romains dispersés, qui, délivrés de toute crainte, ne manqueraient pas, comme il arrive presque toujours, de marcher avec moins d'ordre et de précaution.»