Il y a un an, le monde arabe connaissait des ruptures, des bouleversements notamment sociopolitiques. Tout a commencé avec la chute au tout début du mois de janvier 2011 du régime du Président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali au pouvoir depuis plus d'une vingtaine d'années. Et c'est l'effet domino : les régimes en place depuis plus de deux décennies, voire trois ou quatre (le cas de la Libye), tombent les uns après les autres. C'était un fait immanquable. Et malgré l'acharnement des dirigeants politiques à se maintenir au pouvoir, il s'avérait cependant que leur chute, c'est-à-dire la fin d'une ère n'était qu'une affaire de temps. Leur longévité était comptée. C'est ainsi que «l'année 2011 s'est ouverte par une série d'explosions fracassantes de colère des peuples arabes». Les sociétés allant du Machreq au Maghreb, et en passant même par la région du Golfe se réveillent, osent se révolter contre l'oppression, se dresser contre les dictatures. Cette actualité des mouvements qui ont lieu depuis le début de l'année 2011 – et se poursuivent encore dans certaines régions du monde arabe – avec l'explosion sociale est rapportée, développée, analysée, définie et argumentée avec force dans un magnifique ouvrage ayant pour titre Le Monde arabe dans la longue durée, un printemps des peuples ?. Ce livre de Samir Amin est paru aux éditions APIC. Cet ouvrage, qui est un essai, propose des idées, engage un débat et répond en conséquence à «des besoins d'approfondissement de l'analyse des mouvements politiques et sociaux qui secouent le Moyen-Orient et le Maghreb». De nationalité égyptienne, Samir Amin, éminent professeur d'économie politique du développement,– il enseigne dans plusieurs universités à travers le monde –, analyse le mouvement, ses potentialités, mais aussi les dangers de dévoiement et de récupération qu'il court (comme par exemple celui de l'instrumentalisation de l'islam politique par les puissances occidentales). Cet ouvrage montre également et ce, au-delà des événements qui changent la face du monde, comment, pour mieux comprendre le monde [et l'imaginaire] arabe, il faut l'envisager dans la durée.» En somme, cet essai, qui est une belle réalisation éditoriale, est «une esquisse fondamentale de l'histoire du monde arabe et de ses rapports avec les puissances impérialistes». L'ouvrage est paru dans la collection Dissonance, spécialisée dans l'essai et les livres d'idées. Il offre, sur fond d'analyse de la situation actuelle, diverses grilles de lectures historiques, géostratégiques et économiques. Il s'articule comme un solide fonds de référence et de documentation.