Passion - Nadia Zouaoui est journaliste et réalisatrice algérienne. Elle a signé le film Post-9/11, présenté à la cinémathèque d'Alger. «C'est un film qui traite de la montée de la discrimination contre les musulmans, plus de dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, et des années après cette date-là, je mets des visages sur l'islamophobie», explique-t-elle, et d'abonder : «Je raconte trois histoires de gens qui ont subi vraiment la discrimination. Je fais une enquête sur les groupes islamophobes qui parlent aux médias et au Congrès américain, qui publient des livres, qui ont des sites financés par de grandes fondations américaines, et ces gens-là sont aussi alliés avec les groupes de l'extrême droite européenne. Et le film va plus loin, il donne un exemple de l'impact que ces gens ont sur les médias. La manipulation des médias, le détournement de l'information.» Ce film fait de Nadia Zouaoui une journaliste d'investigation et engagée. «Je suis d'abord une femme très engagée», déclare-t-elle, et de poursuivre : «Cet engagement se prolonge dans mon métier de journaliste. Je milite pour les droits de l'Homme. Je n'aime pas l'injustice. J'aime raconter des histoires. Donc, j'aime l'engagement dans mes films. Parce que quand on fait un film engagé, on initie les débats, on confronte les individus et leurs opinions.» D'où la question : Pourquoi l'engagement ? «Parce que d'abord j'ai envie de parler», répond-elle, et de renchérir : «J'ai toujours voulu être une journaliste pour dire les choses, dénoncer l'injustice, parler des droits de l'Homme, raconter le réel. J'ai commencé à faire de la radio, après j'ai fait du reportage, puis je me suis vite rendu compte de l'importance de l'image et de sa force et de son impact sur la société.» D'où l'intérêt qu'elle porte au documentaire, car, comme elle l'explique : «Le documentaire a beaucoup d'impact.» Et la fiction, pensez-vous en faire un jour ? lui a-t-on demandé. «La fiction, oui j'y pense, surtout pour le docu-fiction», dit-elle, et de souligner : «Dans le documentaire, on est limité à la réalité, alors que dans le docu-fiction, on peut se permettre d'avoir des acteurs et écrire un petit bout de scénario et le mélanger à la réalité. Cela fait qu'on raconte mieux l'histoire.» Ainsi, Nadia Zouaoui nourrit l'envie de se lancer dans ce créneau, qu'est la fiction ou le docu-fiction. A la question de savoir ce qui l'intéresse dans son métier de journaliste, Nadia Zouaoui dira : «En fait, je m'intéresse beaucoup à l'actualité. Et je m'intéresse beaucoup à la rencontre de l'autre sur le terrain et la confrontation des situations et des idées. L'analyse de l'actualité m'intéresse beaucoup. Je regarde plusieurs journaux télévisés pour voir comment la même information est traitée, de quelle manière l'événement est interprété. Ce qui m'intéresse surtout, c'est bien la situation des femmes, l'évolution humaine, les mentalités et particulièrement l'Islam (pourquoi en est-on là avec l'Islam, pourquoi est-on arrivé à ce niveau d'intégrisme, pourquoi les penseurs modernes n'ont-ils pas de place dans les sociétés arabes).»