Onde de choc - Il est 15h30 en cet après-midi d'hiver 1907 quand un séisme de magnitude 6,5 sur l'échelle de Richter frappe la principale ville jamaïquaine, Kingston... Kingston est la capitale de la Jamaïque. Elle forme «la paroisse de Kingston», qui est située dans l'un des comtés jamaïquains «le comté de Surrey», dans le sud-est du pays. Entourée par les Blue Mountains (nom donné à un massif montagneux qui occupe le tiers oriental de cette île des Caraïbes), Red Hills, Long Mountain et le port de Kingston (considéré comme le septième plus grand port maritime naturel au monde), la ville est située sur la plaine de Liguanea, une plaine alluviale située à côté du fleuve Hope. Fondée en 1693 par l'Angleterre après qu'un tremblement de terre eut entièrement détruit la ville portuaire de Port-Royal. La ville devient la capitale administrative de la Jamaïque en 1872 et conserve ce statut lorsque l'île devient indépendante en 1962. Kingston, qui après l'indépendance devient la capitale de la Jamaïque indépendante, est, à l'image de nombreuses villes appartenant à des pays anciennement colonisés, telle Alger, un centre-ville et un quartier nord directement hérités des colons britanniques et où se concentrent la plupart des activités économiques et politiques, faisant le contraste très net et très violent avec la réalité des quartiers défavorisés. Ces quartiers qui subiront, en cet après-midi du 14 janvier, en sus du malheur des inégalités imposées par l'homme, l'onde de choc du séisme. Des bâtiments entiers sont à terre et les incendies subséquents qui se déclareront sur des kilomètres, ajouteront à l'horreur vécue par les habitants de cette ville en ce début du siècle. La force du tremblement de terre fut telle que plusieurs tsunamis se sont formés générant des vagues de plusieurs mètres de hauteur qui s'abattront et détruiront une grande partie des villages côtiers. Plus de 1 600 personnes y laisseront la vie. Sans possibilité de soigner certains blessés graves, il sera décidé d'achever certains d'entre eux afin de leur épargner des souffrances que la population ne pouvait, de toute façon, prendre en charge, du fait de l'inexistence de centre de santé. Un habitant de Kingston se remémorait dans un entretien, les scènes que lui a rapportées sa grand-mère. «Mon grand-père s'est enfui aussi loin qu'il a pu avec sa famille, mais les flammes l'ont rattrapé. Il a été happé par les flammes en tentant de sauver sa petite-fille.» En fait, cette petite-fille n'était autre que la mère de cet habitant qui, à l'instar d'autres habitants de la ville, continue, aujourd'hui encore, de se raconter les événements tragiques qu'ont vécus leurs parents ou grands-parents. Un travail de mémoire que les habitants de Kingston se sont senti le devoir d'accomplir...