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Histoires vraies
Qu'est-il arrivé à Frédéric ? (1re partie)
Publié dans Info Soir le 27 - 03 - 2013

Frédéric Jakubitchek ne sait pas que Freud existe. Il n'a que onze ans. Le saurait-il qu'il ne pourrait dire à sa mère en la prenant par la main :
«Viens maman, le monsieur va te guérir.»
Car maman ne supporte pas que son fils la prenne par la main. Elle ne supporte pas qu'on la touche. Est-ce une maladie ?
«Tu es malade, maman ?
— Va jouer, ne m'ennuie pas !
— Pourquoi est-ce que tu pleures ?
— Ça ne te regarde pas !
— Maman.
— Cesse de m'appeler maman sans arrêt ! Cesse de me tourner autour. Va voir ton père, va voir ton précepteur, occupe-toi de ce que tu voudras, mais laisse-moi tranquille ! Tu as compris ? Tu es un homme ! Va jouer avec les hommes !»
Frédéric s'éloigne, sans pleurer, sans rechigner, petit garçon glacé, abandonné, spectateur lointain d'un théâtre où on lui a refusé son rôle : il ne peut pas être le fils de sa mère. Sa mère joue seule un drame incompréhensible. Crises de nerfs, crises de larmes, crises d'abattement, crises d'hystérie et chantage perpétuel.
Sa mère dit à son père :
«Vous m'avez forcée odieusement ! Je ne voulais pas d'enfant, je ne voulais pas de vous ! Je suis une morte vivante ! Ne m'approchez pas, ne me touchez pas ! Eloignez cet enfant, disparaissez vous-même !»
Et le père ? Que dit-il, le père ?
Frédéric l'entend claquer des talons dans le joli salon viennois. Il le voit, dans son bel uniforme d'officier de l'armée autrichienne, s'incliner devant cette femme angoissée.
«Bonsoir ma chère, reposez-vous.»
Frédéric ignore les sentiments réels de son père derrière ce masque imperturbable. Il essaie seulement de copier l'attitude, de cultiver la dignité paternelle. Le père et le fils ne parlent jamais du drame qu'ils vivent côte à côte.
Il y a une folle dans cette maison. Une femme perdue, destructrice, mais c'est une femme d'officier, issue d'une grande famille viennoise, et sa folie doit rester ignorée. Il lui est seulement permis de se cogner aux murs de sa chambre, de renverser les meubles délicats, de briser les vases de porcelaine bleue, de se rouler sur les tapis de son boudoir et de fouetter sa femme de chambre qui a eu l'audace de prendre un amant.
Frédéric Jakubitchek a onze ans en 1909, à Vienne. Sa vie a mal commencé, elle finira mal. C'est une certitude. La fin se situe en 1960, un demi-siècle plus tard, un demi siècle de vie au noir.
Frédéric Jakubitchek a soixante-deux ans. Il sait que Freud a existé, mais cela n'a rien changé pour lui. II a vécu toute sa vie dans un carcan dont seule la mort pouvait le délivrer. Mais quelle mort ? Celle de qui ?
Il est en prison, à Vienne. Un homme en face de lui essaie de donner son avis sur l'état mental de cet avocat de soixante-deux ans, vieillard prématuré, ruiné, vaincu, morne, las, si terriblement las et qui se souvient :
«Je ne savais pas ce qu'était la mort. J'avais onze ans et ce n'était qu'un mot sans signification pour moi. Ma mère disait toujours qu'elle voulait mourir : «Je voudrais mourir, je voudrais mourir !» Elle le disait avec tant de passion que j'imaginais seulement la mort comme une guérison, un état de tranquillité, de calme. Je pensais : «Pourvu qu'elle meure, si ça doit la soulager.» Mais j'ignorais comment on meurt. Un soir, mon père est venu me trouver dans ma chambre. Je le revois avec précision, grand et beau dans son uniforme, il avait une barbe dont il prenait toujours grand soin et qui sentait bon. Il fumait du tabac turc. Je l'admirais beaucoup. Il s'est assis dans un fauteuil, j'étais debout devant lui. Il m'a parlé avec calme. Il était toujours calme. (A suivre...)


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