Bizarre - Il arrive parfois que l'on voie en rêve des images que l'on retrouve par la suite dans la réalité. Cela s'appelle de la prémonition. Et l'histoire qui va suivre en est la parfaite illustration. C'est une histoire incroyable et pourtant, il n'y a rien de plus authentique. Fouad, 30 ans, avait fini de siroter sa tasse de café et s'apprêtait à se lever lorsque sa mère, assise en face de lui, lui demanda de rester encore un peu avec elle. — Tu as besoin de quelque chose, mère ? lui dit-il alors en la regardant droit dans les yeux, comme pour la supplier de ne rien lui cacher. La dame de soixante-deux ans sourit. — Oui, mon fils, j'ai besoin de quelque chose. Je veux que tu me dises ce qui ne va pas. — Qu'est-ce qui ne va pas ? Mais tout va bien, mère. Je suis un peu mélancolique, c'est tout. J'ai réalisé, ces derniers jours, qu'après six ans de travail, j'en suis presque au même point de départ : je n'ai ni logement, ni voiture... — Ni femme qui te soutienne, compléta la mère malicieusement, mais d'une voix pathétique. Il est temps que tu te maries, tu sais... — C'est vrai, mère... mais si tu crois qu'il est facile, aujourd'hui, de fonder un foyer ? Tu te trompes ! Le jeune homme se gratta nerveusement la tempe droite et se leva. Il éprouva un grand soulagement en n'entendant pas sa mère lui lancer que la discussion n'était pas finie. Il n'avait pas envie de lui avouer qu'il n'était pas dans son assiette à cause d'un rêve. D'un étrange rêve qu'il avait fait deux nuits successives. Elle serait capable de croire qu'il commençait à sombrer dans la folie qui caractérisait parfois ceux qui veulent se marier à tout prix, parce qu'ils ne peuvent plus supporter leur solitude. Arrivé au bureau, qu'il partageait avec deux collègues, il ne put résister à la tentation de se soulager en racontant son rêve. — Dites-moi, les gars, est-ce que vous savez interpréter les rêves ? leur demanda-t-il. Deux comptables levèrent leur nez de la paperasse qui encombrait leurs bureaux respectifs. — Si nous savons interpréter les rêves ? répéta avec béatitude Djamel, l'un d'eux. — Oui. — Généralement, ce sont les vieilles femmes qui savent interpréter les rêves, intervient Ali, le second collègue. Si tu veux, tu me racontes ton rêve, et ce soir, je le soumettrai à Khalti Baya. C'est une vieille voisine qui interprète de manière incroyable les rêves. De plus, c'est une femme que Dieu a dotée d'une très grande sagesse. Quand elle parle, elle fascine et on n'a pas envie qu'elle se taise. Elle sait trouver les mots qu'il faut et les phrases qui redonnent espoir aux plus grands désespérés. — Cela tombe bien parce qu'en ce moment, je suis un grand désespéré. (A suivre...)
