Témoin - Dans les compartiments six à neuf, 23 hommes survivent aux deux explosions.Ils se rassemblent dans le neuvième compartiment, qui contient le second sas de secours. Le lieutenant de vaisseau, Dmitri Kolesnikov (un des trois officiers de ce grade ayant survécu), prend le commandement. Après le renflouage du «Koursk», on retrouvera sur lui un dernier écrit où il avait dressé une liste des survivants. Dans la partie rendue publique, il relate ainsi les dernières heures de l'équipage : «Il fait trop sombre ici pour écrire, mais je vais essayer au toucher. Il semble qu'il n'y ait pratiquement aucune chance, 10-20%. J'espère qu'au moins quelqu'un lira ceci. Voici la liste de membres d'équipage des autres sections qui sont maintenant dans la neuvième et qui vont essayer de sortir. Salut à tous, pas besoin d'être désespéré. Kolesnikov.» La pression dans la coque est la même qu'en surface ; il est donc théoriquement possible pour les rescapés d'utiliser un sas de secours pour sortir dans la mer Arctique et remonter en surface dans une combinaison de sauvetage spéciale, à condition que des secours attendent au-dessus. La raison pour laquelle cette possibilité n'est pas exploitée n'est pas connue : il est présumé que les survivants ont préféré attendre qu'un submersible vienne s'y arrimer. On ne sait pas avec exactitude combien de temps les rescapés ont survécu. Les opinions divergent sur la durée de l'agonie des rescapés. Certains commentateurs, notamment du côté russe, se prononcent pour une mort rapide. Dans un sous-marin de classe Oscar II (celle du «Koursk») immobile, des fuites apparaissent sur l'arbre porte-hélice. A une profondeur de plus de 100 m, il aurait été impossible de les reboucher (il est douteux que les presse-étoupe fuient autant sur un sous-marin capable de plonger à plus de 300 m. Ses fuites sont probablement une conséquence des explosions et chocs). D'autres pointent que de nombreuses cartouches d'absorbeur de dioxyde de carbone, qui servent à maintenir une composition chimique viable dans l'air du caisson de sauvegarde, ont été retrouvées utilisées après le remorquage, ce qui tendrait à prouver que les rescapés auraient survécu pendant plusieurs jours. Ces cartouches semblent d'ailleurs avoir été la cause de la mort des derniers survivants : au contact de l'eau de mer, elles prennent feu. L'enquête officielle démontre qu'un tel incendie a probablement eu lieu, et que quelques membres d'équipage y auraient survécu en plongeant sous l'eau — les marques de carbonisation sur les murs indiquent qu'à ce moment, l'eau devait arriver au niveau du buste de ceux qui étaient dans le compartiment inférieur. Mais l'incendie consomma rapidement l'oxygène résiduel, tuant les derniers survivants par asphyxie. Lire demain : «Il faut sauver ce qui reste du ‘'Koursk''...»