Le genre de musique folklorique dite «rekrouki», qui fait la part belle à la gasba (flûte) et au bendir, propre à la région de l'antique Théveste, a séduit les batnéens, dimanche soir, à l'ouverture de la semaine culturelle de la wilaya de Tébessa à Batna. Une troupe venue de la commune de Chréa, composée d'éléments très élégants dans leur tenue traditionnelle (chèche, gandoura ample et burnous), s'est produite sur un espace attenant à la maison de la culture, interprétant des morceaux «rekrouki» tirés du terroir qui n'ont pas manqué d'attirer de nombreux passants se surprenant à se dandiner aux sons entraînants de cette musique tout en rythmes. Une musique qui n'a pas été sans rappeler l'ambiance des fêtes traditionnelles d'antan dans la région des Aurès, selon un avis unanimement partagé. Le clou de ce spectacle a été, sans conteste, le toujours jeune cheikh Brahim Boussaha, créateur en 1964 de cette troupe de Chréa, qui a subjugué les spectateurs, malgré ses 85 ans révolus, par sa maîtrise et par les sons qu'il parvient à tirer de sa gasba. Cheikh Boussaha reste, selon les membres de sa troupe, le maître incontesté du «rekrouki» et de la gasba, qui demande pourtant beaucoup de souffle, si bien que de nombreux artistes continuent de faire appel à lui pour les accompagner comme l'avait fait, il y a plusieurs décennies, le chanteur Rabah Driassa. Le chanteur de la troupe de Chréa, Tahar Taïb dit Messaoudi, fut l'autre attraction de ce spectacle traditionnel. L'on dit en effet que Messaoudi a été le premier chanteur homme à s'essayer, en 1971, au style «rekrouki», s'agissant d'un genre particulier réservé, avant cette date, aux seules femmes. La déclamation d'une poésie populaire du genre «melhoun» par Ali Ben Messaoud, intitulé ‘Omdurman', dédié à l'épopée de l'équipe nationale de football au Soudan, en 2009, a été l'autre moment fort de cette soirée «made in Tébessa».
