Un petit aperçu sur l?endogamie dans la région du M?zab semble être indispensable pour élargir notre perception de ce phénomène. Connue pour être à l?avant-garde des alliances claniques et tribales, la communauté mozabite est vraisemblablement indifférente aux dangers liés à la consanguinité. En effet, selon Abdellah Nouh, originaire de la ville de Ghardaïa, juriste et chercheur en organisation coutumière dans cette région, «les Mozabites constituent une société doublement minoritaire sur les plans linguistique et religieux. Ainsi, préserver cette particularité nécessite forcément une solidarité entre ses habitants». Celle-ci se traduit par «une sorte d?endogamie qui se manifeste par des mariages entre les membres de cette communauté, contrairement aux idées qui circulent à travers tout le territoire national, selon lesquelles les mariages mozabites sont contractés uniquement entre des personnes issues d?une même famille», explique-t-il. Pour étayer ses dires, notre interlocuteur a fait remarquer qu?au-delà du souci de préserver cette coalition sociale qui perdure depuis des siècles «il est très difficile pour une personne venue d?une autre région du pays de s?intégrer dans une communauté de rite ibadite et d?une rigueur religieuse aussi remarquable», précise-t-il. Aujourd?hui, malgré l?évolution de notre société, ce genre d?union est encore répandu dans cette ville, comme le confirme M. Nouh : «Même ceux dits intellectuels préfèrent se lier à des personnes d?origine mozabite, en raison de leur conviction qu?une étrangère ne pourra guère s?adapter au mode de vie où le religieux prime.» A la question de savoir si cette consanguinité n?a pas engendré de maladies génétiques visibles au sein de la population mozabite, d?autant plus que de nombreux spécialistes confirment que chez les individus vivant dans le même village depuis de nombreuses générations, il existe une prévalence de maladies héréditaires récessives, il répondra : «La composante de la société mozabite est variée. Il est important de savoir que les sept tribus de la vallée du M?zab proviennent de différentes régions du Maghreb, ce qui éloigne, sans doute, ce genre de maladies.»