Constat ■ Nombreux sont ceux qui déplorent l'absence de discernement et d'objectivité dans ce qui se fait en matière de critique théâtrale. L'art est en constante évolution. C'est une forme d'expression dynamique et à chaque fois renouvelée. Le théâtre, qui en est une, change et évolue. Cette évolution se fait grâce à la critique. Celle-ci accompagne tout langage artistique. Elle l'évalue, le mesure, le jauge pour émettre une appréciation. La critique accompagne tout travail artistique et s'agissant du théâtre, y a-t-il une critique ? En d'autres termes, existe-t-il en Algérie des critiques en art dramatique ? Djamila Zegaï, universitaire, spécialiste en critique théâtrale, donne son point de vue. «Oui», dit-elle, et de soutenir : «Il en existe». Elle explique que «ce qui est intéressant, c'est que les critiques maghrébins qui ont suivi une formation académique de la critique théâtrale ont fait de celle-ci une étape importante dans leur carrière, c'est-à-dire cela leur a permis de développer leur sens de la critique et d'aiguiser leurs outils d'analyse». A la question de savoir si la critique journalistique existe, Djamila Zegaï répond : «Les noms sont là, présents, accompagnant chaque travail théâtral.» Toutefois, nombreux sont ceux qui déplorent l'absence de discernement et d'objectivité dans ce qui se fait en matière de critique théâtrale. Les professionnels du théâtre regrettent que de nombreux journalistes oublient que la critique théâtrale n'est pas un acte de jugement, de dénigrement, mais celle qui permet d'évaluer et d'apprécier un travail artistique. «Il y a en effet la critique journalistique, puisqu'il y a de nombreux journalistes qui rendent compte du travail théâtral», renchérit-elle, et de relever : «Cependant, certains articles manquent de profondeur. Ils sont superficiels. Ces articles ne donnent pas tout le sens et le contenu que mérite une œuvre théâtrale. Ils la trahissent. Ils ne parlent pas d'elle à sa juste valeur. J'ai pu constater en lisant certains articles, que les journalistes ne font pas une réflexion ou une analyse de la pièce, mais ils la dénigrent. Ils blessent, de ce fait, le metteur en scène. Ils diminuent de ses efforts dans l'aboutissement du travail théâtral. En plus, ce genre de critique ne contribue pas au le développement du théâtre. Par ailleurs, il ne permet pas au public d'apprécier et de comprendre le jeu théâtral, alors que le journaliste est censé inculquer au public un goût prononcé pour l'esthétique.» D'où la question : cela signifie-t-il que la critique journalistique manque de niveau ? «Je n'ai pas dit ça, mais c'est juste que la critique journalistique n'est pas une critique de dénigrement. C'est une critique qui permet, par l'étude et l'analyse, de comprendre la pièce et de l'apprécier. Ce ne sont pas tous les journa-listes qui se livrent à ce genre de critique, celle du dénigrement. Il y en a d'autres qui prennent la peine d'étudier et d'expliquer un texte théâtral. Il y a un effort dans la lecture et l'interprétation. Ces journalistes sont soucieux de devenir des critiques professionnels et d'accompagner».