Le premier maillon Triptyque Après la piètre participation algérienne aux jeux Olympiques d?Athènes et à la veille du match Algérie-Gabon comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde et de la CAN-2006, c?est toute la réflexion sur le mouvement sportif national qui prend toute sa dimension. Toute la nation les a attendus, en vain. Pourtant, ils étaient tous là les Benida-Merrah, Saïd Guerni, Saïdi-Sief, Hammad, déjà médaillés à Sydney, et les autres Souakri, Meridja, Soltani, Ilès pour un éventuel podium. La délégation algérienne est rentrée bredouille, malgré toutes les préparations, les investissements de l?Etat (1,2 milliard de centimes, l?équivalent de 120 000 euros soit la prime d?un athlète dans un meeting), les mêmes approches méthodologiques en matière de stage et de bourse et la qualité de l?encadrement. Qu?est-ce qui n?a pas marché au juste ? C?est la grande question que se posent les différents techniciens et les responsables appelés à dresser les évaluations qui s?imposent. Des problèmes de fond vont certainement surgir, telles l?absence de centres de regroupement et de préparation des équipes nationales, c?est-à-dire des élites, de centres de formation, la régression des sports scolaires, l?inadéquation des textes de loi pour une relance de la pratique sportive et pourquoi pas la raréfaction des espaces de jeu, y compris les terrains vagues. Le terrain vague est le premier maillon de la chaîne du long parcours qu?attend un sportif. Les talents et la matière brute y prennent vie. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans un pays aussi vaste que l?Algérie, les terrains et autres aires ou espaces de jeu se font de plus en plus rares, notamment dans et autour des grands centres urbains. Aujourd?hui, quand des parents veulent que leur enfant s?initie à telle ou telle discipline, cela devient problématique : pas de clubs, pas d?infrastructures, pas de centres sportifs. La rue ne produit plus et les espaces se rétrécissent. Où iront tous ces potaches, toute cette énergie qui ne veut que se dépenser, qu?éclater ? Les autres créneaux, que sont entre autres la délinquance, la drogue, la prostitution, le banditisme, le terrorisme, sont, hélas, preneurs. Dans une récente déclaration à la presse, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Ziari, a indiqué que la loi sur la réforme de la pratique sportive adoptée récemment par le Parlement trace le cadre définitif du monde sportif et devra mettre de l?ordre dans ce secteur. Selon M. Ziari, les questions prioritaires demeurent le statut des fédérations, le sport de haut niveau et le contrôle par l?Etat des dépenses conformément aux objectifs qu?on veut atteindre. Mais on oublie que la pratique de masse est la base de tout. Quand on sait qu?un pays comme la France, qui compte 16 millions de licenciés (presque le tiers de la population) et toutes les infrastructures qu?il faut pour le développement du sport, n?a pointé qu?à la septième place avec 33 médailles (dont 11 en or) aux JO d?Athènes, où peut-on se situer alors ? Une réforme sportive, qui n?accompagne pas la base dans son développement global et dans toute sa composante d?émanciper le citoyen et de libérer les énergies, est vouée à l?échec. Le développement d?une nation se mesure aussi à son niveau sportif, ce qui veut dire que la responsabilité de l?Etat est engagée et entière. Surtout qu?avec le nouveau mandat du président Bouteflika, le sport se veut facteur de cohésion sociale et impose aux pouvoirs publics, aux collectivités locales, en relation avec le Comité olympique algérien et les fédérations sportives, et à tout promoteur privé de coordonner leurs actions pour arriver à assurer la promotion et le développement de l?éducation sportive. Il devient donc évident et nécessaire de mettre les gros moyens et d?insuffler une véritable dynamique dans le milieu éducatif et dans les quartiers et autres cités urbaines, d?autant que l?enseignement physique et sportif est obligatoire à ce que l?on sache. Tout démarre alors du terrain vague et c?est à partir de ce niveau, que la perception du sport dans notre pays devra dorénavant changer.
