Résumé de la 2e partie ■ Deux traités importants sur le sujet voient le jour, tous deux en Allemagne : Dissertation Historico-Philosophica de Masticatione Mortuorum de Philip Rohr (1679), suivi par le De Masticatione Mortuorum in Tumulis de Michael Ranft (1728). Dom Augustin Calmet, dans son Traité sur les Apparitions des Esprits, & sur les Vampires, ou les Revenants de Hongrie, de Moravie, &c. rapporte leurs conclusions. Selon Rohr et Ranft, les différents cas observés de morts déterrés qui avaient dévoré leurs suaires ou leurs membres venaient tout simplement d'hommes qui n'avaient pas été enterrés après un examen attentif, et qui étaient en fait toujours vivants. Est donné par exemple le cas d'un habitant de Bar-le-Duc ayant abusé d'eau de vie, qui -apparemment tombé dans le coma éthylique – fut précipitamment enterré. La nuit, on entendit de grands bruits dans la fosse, et quand on le déterra le lendemain, on découvrit qu'il s'était dévoré les chairs des bras. Ils citent aussi le cas d'Henri, Comte de Salm, qui fut également mis en terre trop rapidement. La nuit, on entendit des hurlements, et le lendemain on le trouva tout retourné, face contre terre. Les inhumations précipitées n'étaient pas des plus rares, en ces temps où la médecine n'était pas aussi avancée qu'aujourd'hui et où la Peste Noire tuait des centaines de milliers de personnes... Aujourd'hui, les scientifiques connaissent mieux les phases de la décomposition, qui peuvent aussi expliquer une partie des cas. La formation de gaz, par la décomposition des chairs, entraîne une distension de l'abdomen. Lorsque ces gaz s'échappent ou se forment, on peut entendre des gargouillements ou autres bruits qui sous terre peuvent aisément passer pour des grognements ou des mâchonnements auprès d'un passant inquiet. Plus tard, ces croyances finirent par devenir de plus en plus discrètes, pour disparaître finalement des rapports officiels. Cet autre squelette du VIIIè siècle, du cimetière de Kilteasheen en Irlande, présente également une pierre coincée entre ses mâchoires pour l'empêcher de mâcher son suaire. Il a été avancé par la biologiste Michelle Ziegler que les pierres placées entre les mâchoires des cadavres lors des épidémies de peste n'étaient pas destinées à les empêcher de mâcher leur linceul, mais plutôt d'empêcher la diffusion de la maladie, à une époque où les bactéries et les mécanismes de propagation étaient inconnus. Cette explication est cependant caduque pour la plupart des restes de morts mâcheurs, qui ont été retrouvés à des époques où aucune épidémie particulière ne sévissait.