Ecriture ■ Dans le cadre de ses activités destinées aux enfants, le Musée des beaux-arts d'Alger a parrainé l'édition d'un récit imaginaire, Conte du chant du coq, écrit par Fodil Benséfia et illustré par Djahida Houadef. L'histoire, inspirée à l'auteur par les sorties en temps pluvieux des escargots, raconte comment une poule des bois, la gelinotte, en train de couver ses œufs, se voit intimer l'ordre par son époux, le coq, autoritaire et égoïste, d'aller pister un colimaçon. Fodil, un professeur d'anglais, avoue aimer écrire les contes pour combler un certain manque de tendresse dont il a souffert durant son enfance dans une famille nombreuse : «Mes parents n'étaient pas des gens à câliner leur progéniture, ni à leur offrir des jouets. C'est une sorte de faiblesse pour eux. En m'inventant des histoires dans mon enfance, la nuit, je me réinventais un quotidien quelque peu aisé, pour une jeune vie», raconte Fodil Benséfia. Ecorché à vif, Fodil Benséfia garde une âme de gamin qui n'arrive pas à se retrouver dans la vie d'adulte. Pour preuve, il confie avoir gardé une collection de jouets dont il a été privé étant petit afin «de rattraper tout ce que je n'ai pas pu posséder». Adulte, il lui faut donc échapper à cette période chagrine par la création de contes. Il faut rappeler que l'auteur a écrit de belles poésies en anglais et en français, qui lui ont valu les encouragements et l'édition d'un recueil de contes toujours en langue anglaise, knotty. «J'ai relégué la poésie dans le passé. Aujourd'hui je m'investis dans le conte. Non pas pour enfants mais pour tous les âges», dit-il. Une autre corde à son arc, le piano. C'est en donnant des cours de solfège au Musée national des beaux-arts qu'il s'est lié d'amitié avec Djahida Houadef, elle-même professeur de peinture au musée. Actuellement, il a un grand nombre de contes dont L'horloge qui voulait mettre les pendules à l'heure, Le carrousel, la malle perdue dans la neige. La sensibilité à fleur de peau, Fodil se laisse aller aux confidences sur une enfance mal vécue qu'il continue de prolonger malgré son âge adulte, en essayant de colmater les vides de tendresse. L'écriture est accessible, le style aéré et les images très convaincantes par des coloris vifs et une recherche artistique grâce au talent confirmé de la plasticienne Houadef. «J'ai lu le conte écrit par Fodil qui m'a inspirée. J'ai réalisé les illustrations sans être passé par les esquisses. Une fois le travail fini et présenté à Fodil, le conte s'est concrétisé.par le biais d'une approche imaginaire». L'artiste peintre déclare que cela a été une belle expérience et que les éditeurs de contes devraient faire appel à des plasticiens intéressés par l'illustration de légendes et autres récits fabuleux : «On devrait solliciter les artistes, ils rendent l'émotion dans le dessin, ce qui n'est pas le cas des illustrations par photoshop.» Notons qu'une présentation du livre par l'auteur et l'illustratrice a eu au lieu au musée : «La rencontre a drainé parents et enfants, qui ont écouté Fodil raconter sa fable avec pour animation une vidéo accompagnant la narration», signale Djahida Houadef.